DÉFICIENCES VISUELLES
par
Pierre-Yves Robert
et
Bahram Bodaghi, Christian Corbé, Gérard Dupeyron, Françoise Gerin-Roig, Béatrice Le Bail, José-Alain Sahel
avec la collaboration de
Angelo Arleo, Laetitia Attia, Carine Aumeunier, Catherine Bâton, Marie-Pierre Beaunoir, Jihene Benammar, Alexandre Berger-Martinet, Laure Berthet-Signoret, Fanny Bonnet-Macaes, Sophie Bonnin, Dominique Brémond-Gignac, Isabelle Buissard, Fanny Carion, Régine Castaing, Nathalie Chabin, Georges Challe, Rachida Chentouf, Marie-France Clenet, Patrick Colin, Vincent Daien, Julie Dassie, Sabine Defoort-Dhellemmes, Brigitte Deguil, Yannick Delpuech, Béatrice Depondt, Ludivine Desbordes, Hélène Dollfus, Philippe Dublineau, Clément Dubois‑Roussel, Daniel Dupleix, Raimondo Forte, Mélanie Gauthier, Valérie Grangette, Grégoire Guillot, Emmanuel Gutman, Christian P. Hamel, Geneviève Helson, Steven Jaron, Luc Jeanjean, Zoï Kapoula, Fréderic Lafleur, Karine Lagrené, Cédric Lamirel, Pierre Lebranchu, Claire Lebret, Guylène Le Meur, Gérard Leroux, Xavier-Michel Lucas, Anne-Catherine Marie‑Fressinaud, Pascale Mercier, Claire Meyniel, Dan Miléa, Chantal Milleret, Saddek Mohand-Said, Chantal Morel-Méry, Aurélien Morize, Chloé Pagot, Serge Picaud, François Poher, Alexia Potet, Pascale Pradat-Diehl, Serge Reznikov, Annie Rondet, Martine Routon, Anne-Catherine Scherlen, Séverine Siquier, Vassily Smirnov, Marion Sternis, Bertrand Tessier, Laurent Tissier, Françoise Tomeno, Isabelle Travade, Nathalie Van Landeghem, Monique Véronat, François Vital-Durand, Michel Weber, Xavier Zanlonghi
Préface de
Christian Corbé
Illustrations de Cyrille Martinet
martinet@numericable.com
L’oeuvre en page IX a été photographiée par Julien Depaix
julien.depaix@yahoo.fr
Tous droits de traduction, d’adaptation et de reproduction par tous procédés, réservés pour tous pays.
Toute reproduction ou représentation intégrale ou partielle, par quelque procédé que ce soit, des pages publiées dans le présent ouvrage, faite sans l’autorisation de l’éditeur est illicite et constitue une contrefaçon. Seules sont autorisées, d’une part, les reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, les courtes citations justifiées par le caractère scientifique ou d’information de l’œuvre dans laquelle elles sont incorporées (art. L. 122-4, L. 122-5 et L. 335-2 du Code de la propriété intellectuelle).
© Société Française d’Ophtalmologie, 2015
ISBN : 978-2-294-74563-8
E-ISBN : 978-2-294-75444-9
Elsevier Masson SAS, 62, rue Camille-Desmoulins, 92442 Issy-les-Moulineaux cedex
Pierre-Yves Robert
Chef du service d’ophtalmologie, INSERM 1092, CHU Dupuytren, Limoges ; Hôpital de jour Baudin, Limoges
Angelo Arleo
Directeur de recherche CNRS, Institut de la Vision, Paris
Laetitia Attia
Coordinatrice du centre d’appel et de conseil sur la déficience visuelle, ARRADV, Marseille
Carine Aumeunier
Instructrice en locomotion, AILDV, IJA Les Charmettes, Yseure
Catherine Bâton
Psychologue, ALFPHV, Centre Guinot, Villejuif
Marie-Pierre Beaunoir
Orthoptiste, service d’ophtalmologie, Hôpital Lariboisière, Paris
Jihene Benammar
Ophtalmologiste, service d’ophtalmologie, CHU Dupuytren, Limoges
Alexandre Berger-Martinet
Orthoptiste, Six-Fours
Laure Berthet-Signoret
Ergothérapeute, Association FIDEV, Lyon
Bahram Bodaghi
Chef du service d’ophtalmologie, DHU Vision-Handicaps, Groupe hospitalier Pitié- Salpêtrière, Paris
Fanny Bonnet-Macaes
Instructrice en locomotion, Institut ARAMAV, Nîmes
Sophie Bonnin
Ophtalmologiste, Hôpital Lariboisière, Paris
Dominique Brémond-Gignac
Chef du service d’ophtalmologie, Hôpital Universitaire Necker Enfants-Malades ; CNRS FR3636, Paris
Isabelle Buissard
Chef de service, psychomotricienne, instructrice de locomotion, SIAM 75, Paris
Fanny Carion
Psychologue, ALFPHV, SAVS REMORA 59, Lille
Régine Castaing
Psychologue, ALFPHV, Bordeaux
Nathalie Chabin
Psychologue du travail/ergonome, SIADV, Angers
Georges Challe
Ophtalmologiste, DHU Vision-Handicaps, Groupe hospitalier Pitié-Salpêtrière, Paris
Rachida Chentouf
Psychologue, ALFPHV, Centre régional basse vision, Angers
Marie-France Clenet
Orthoptiste, Saint-Sébastien-sur-Loire
Patrick Colin
Psychologue, ALFPHV, Institut Michel Fandre, Reims
Christian Corbé
Chef de service d’ophtalmologie, médecin général inspecteur, directeur de l’institut national des invalides, Paris
Vincent Daien
Ophtalomologiste, CHU de Montpellier
Julie Dassie
Ophtalmologiste, Centre André Mathis, Saint-Gaudens
Sabine Defoort-Dhellemmes
Chef de service, service d’exploration de la vision et neuro-ophtalmologie, CHRU de Lille ; ophtalmologiste, SAAAS de l’épi de Soil, pôle déficience visuelle, Loos
Brigitte Deguil
Rééducatrice en braille, Institut ARAMAV, Nîmes
Yannick Delpuech
Psychologue, ALFPHV, Service médical et service d’aide aux familles, INJA, Paris
Béatrice Depondt
Psychologue, service d’aide aux familles, INJA – centre de formation et de rééducation professionnelle Valentin Haüy, Paris
Ludivine Desbordes
Ergothérapeute, instructrice de locomotion, Hôpital de jour Baudin, Limoges
Hélène Dollfus
Ophtalmologiste, service de génétique médicale, Centre de référence pour les affections génétiques ophtalmologiques, CARGO, filière SENSGENE, Hôpital de Hautepierre, Strasbourg
Philippe Dublineau
Ophtalmologiste, Centre régional basse vision, Angers
Clément Dubois-Roussel
Ophtalmologiste, Fondation Rothschild, Paris
Gérard Dupeyron
Médecin chef, Institut ARAMAV, Nîmes ; chef du service ophtalmologie, CHU de Nîmes
Daniel Dupleix
Opticien, ARRADV, Marseille
Raimondo Forte
Ophtalmologiste, CHU de Grenoble
Mélanie Gauthier
Instructrice en locomotion, kinésiologue, SAFEP–SAAAIS, Eybens
Françoise Gerin-Roig
Ophtalmologiste, ARRADV, Marseille
Valérie Grangette
Ergothérapeute, spécialisée en autonomie dans la vie journalière des personnes déficientes visuelles, GIHP Aquitaine, Mérignac
Grégoire Guillot
Ergothérapeute, instructeur de locomotion, École de chiens guides d’Île-de-France, Coubert
Emmanuel Gutman
Directeur général, Streetlab, Institut de la Vision, Paris
Christian P. Hamel
Directeur de Recherche INSERM UMR 1051, Génétique et thérapie des cécités rétiniennes et du nerf optique, Montpellier
Geneviève Helson
Psychologue, Institut royal pour sourds et aveugles, Louvain, Belgique
Steven Jaron
Psychologue, Psychanalyste, Centre hospitalier national d’ophtalmologie des Quinze-Vingts, Paris
Luc Jeanjean
Ophtalmologiste, unité de neuro-ophtalmologie, CHU de Nîmes ; Institut ARAMAV, Nîmes
Zoï Kapoula
Directeur de recherche CNRS, Équipe Iris, physiopathologie de la vision et de la motricité binoculaire, Fédération Neurosciences, CNRS, FR3636, Paris
Fréderic Lafleur
Orthoptiste, Institut ARAMAV, Nîmes
Karine Lagrené
Orthoptiste, Institut de la Vision, Paris
Cédric Lamirel
Ophtalmologiste, Fondation ophtalmologique Adolphe de Rothschild, Hôpital Bichat-Claude Bernard, Paris
Béatrice Le Bail
Ophtalmologiste, IME Jean-Paul, Evry ; SDIDV J. Ganot, Créteil
Pierre Lebranchu
Ophtalmologiste, INSERM 1089, CHU Hôtel Dieu, Nantes
Claire Lebret
Psychologue, ALFPHV, Centre des Hauts-Thébaudières, Vertou
Guylène Le Meur
Ophtalmologiste, INSERM 1089, CHU Hôtel Dieu, Nantes
Gérard Leroux
Chargé de missions, SIADV, Angers
Xavier-Michel Lucas
Ergothérapeute, Institut ARAMAV, Nîmes
Anne-Catherine Marie-Fressinaud
Médecin nutritionniste, service d’ophtalmologie, CHU Dupuytren, Limoges
Pascale Mercier
Éducatrice spécialisée, instructrice de locomotion, Institut médico-professionnel Valentin Haüy, Chilly-Mazarin
Claire Meyniel
Neurologue, DHU Vision-handicaps, service d’ophtalmologie, Groupe hospitalier Pitié-Salpêtrière, Paris ; Fédération hospitalière Sainte-Marie, Paris
Dan Miléa
Chef du service d’ophtalmologie, CHU d’Angers ; directeur, Groupe des sciences neurovisuelles, Singapore Eye Research Institute
Chantal Milleret
Maître de Conférences Hors Classe du Collège de France, Paris ; Professeur Associé,Université de Montréal, Canada
Saddek Mohand-Said
Ophtalmologiste, Directeur délégué du CIC du CHNO des Quinze-Vingts, Paris
Chantal Morel-Méry
Ergothérapeute, spécialisée en autonomie de la vie journalière des personnes déficientes visuelles, AVJADV, Centre Simone DELTHIL, Saint-Denis
Aurélien Morize
Doctorant, FR3636, CNRS, UFR Biomédicale, Université Paris Descartes, Paris
Chloé Pagot
Docteur en ergonomie, chef de projet Streetlab, Institut de la Vision, Paris
Serge Picaud
Directeur de recherches, INSERM, UMR-S968 ; CNRS, UMR 7210, U968, Institut de la Vision, Paris
François Poher
Directeur, Institut ARAMAV, Nimes
Alexia Potet
Médecin rééducateur, DHU Vision-Handicaps, service de médecine physique et de réadaptation, Groupe hospitalier Pitié-Salpêtrière, Paris
Pascale Pradat-Diehl
Chef de service de médecine physique et réadaptation, DHU Vision-Handicaps,Groupe hospitalier Pitié-Salpêtrière, Paris
Serge Reznikov
Ophtalmologiste, Président de l’Organisation pour la prévention de la cécité, Paris
Annie Rondet
Ergothérapeute, spécialisée en autonomie de la vie journalière des personnes déficientes visuelles, AVJADV, GIHP Aquitaine, Mérignac
Martine Routon
Orthoptiste, Nantes
José-Alain Sahel
Ophtalmologiste, Directeur de l’Institut de la Vision, Paris
Anne-Catherine Scherlen
Optométriste, responsable d’activité basse vision, Essilor International,Institut de la vision, Paris
Séverine Siquier
Assistante sociale, Institut ARAMAV, Nîmes
Vassily Smirnov
Ophtalmologiste, service d’exploration de la vision et neuro-ophtalmologie, CHRU de Lille
Marion Sternis
Psychomotricienne, instructrice de locomotion, AILDV, Association Valentin Haüy, Comité Paris Île-de-France, Paris
Bertrand Tessier
Directeur, Centre régional basse vision et troubles de l’audition, Angers
Laurent Tissier
Rééducateur informatique, association FIDEV, Lyon
Françoise Tomeno
Psychologue, ALFPHV, Tours
Isabelle Travade
Orthoptiste, Hôpital de jour Baudin, Limoges
Nathalie Van Landeghem
Psychologue, ALFPHV, Cabinet Seine-Comète ; IFMK Valentin Haüy, Paris
Monique Véronat
Psychomotricienne, instructrice de locomotion, AILDV, Institut ARAMAV, Nîmes
François Vital-Durand
Directeur de recherche CNRS ; Association Valentin Hauÿ, Lyon
Michel Weber
Chef du service d’ophtalmologie, INSERM 1089, CHU Hôtel Dieu, Nantes
Xavier Zanlonghi
Ophtalmologiste, Clinique Sourdille, Nantes
La fondation des Quinze-Vingts, achevée en 1260, accueillait, comme les ordres mendiants, des aveugles. À partir de 1783, l’établissement commença à exiger un état de cécité complète pour ses résidents ; auparavant, il s’agissait de cécité pratique. En 1784, Valentin Haüy mit en application des méthodes permettant à tout aveugle d’accéder à une insertion sociale ou professionnelle. En 1928, le Dr Maurice Benoit publiait un opuscule sur la vision des aveugles. En 1986, le Dr Claude Chambet, directrice de l’établissement de réadaptation des aveugles et malvoyants à Marly-le-Roi et le Dr Jean-Paul Boissin, ophtalmologiste du centre, se montraient perplexes devant certains de leurs patients qui, entrant dans les critères d’admission de l’établissement avec une acuité visuelle correspondant à un état de cécité, avaient un comportement laissant supposer un fond de vision. À cette époque, pas si lointaine, l’analyse des paramètres de la vision permettait de différencier deux catégories de population : celle qui était voyante et celle qui était en état de cécité.
La cécité est, pour l’Organisation mondiale de la santé (OMS), la vision d’un sujet égale ou inférieure à 1/20. Dans certains pays, le terme de cécité était réservé aux acuités visuelles inférieures à 1/10. Toujours est-il que l’on distinguait deux catégories de vision : d’un côté les bien-voyants et de l’autre côté les aveugles ou ceux en état de cécité (on disait cécité pratique).
Plusieurs centres, orientés vers la prise en charge des aveugles, appliquaient des procédures et des techniques de réadaptation dont la finalité était le développement de l’autonomie de ces sujets aveugles par compensation sensorielle avec des équipes pluridisciplinaires composées d’ergothérapeutes, d’avéjistes, d’instructeurs en locomotion, de psychologues, de médecins de rééducation.
Or, petit à petit, on s’est aperçu que les protocoles mis en place pour ces patients ne bénéficiaient pas à certains – ils voyaient trop !?.
La question était donc de savoir quelle méthode pouvait être appliquée à ces patients et, surtout, de comprendre cette physiopathologie.
La nécessaire recherche de compréhension à cette demande paradoxale s’est appuyée sur les travaux de chercheurs (Hubel et Wiesel, De Valois, Enroth-Cugell-Robson) qui avaient défini, à partir de 1960, le rôle de filtres passe-bande du spectre lumineux par les milieux de l’oeil ; la mise en évidence des champs récepteurs rétiniens en contraste de luminance ; les unités fonctionnelles rétiniennes aux fréquences spatiales et temporelles ; les voies parvo- et magnocellulaires ; l’analyse corticale ; la réalité des zones de rétine préférentielles et de plasticité neurosensorielle (avec les recherches de Grall et Le Gargasson).
On découvrait une nouvelle conception du système visuel qui s’inscrivait, véritablement, dans le cadre d’une fonction biologique qui n’est ni une transformation, ni une activité, mais plutôt un processus fonctionnel et itératif. Dans sa globalité, la fonction visuelle est une fonction de perception de l’environnement qui consiste non seulement à voir, mais aussi et surtout à comprendre rapidement ce qui est vu. La difficulté de son étude réside dans la nécessité de réunir dans une même description l’apparente complexité de « voir et comprendre ». C’est dire l’importance des fonctions intégratives cognitives impliquées dans le traitement de l’information visuelle. Cette chaîne de découverte a eu son application dans l’analyse fonctionnelle du système visuel.
L’établissement de modalités d’évaluation de la fonction visuelle, en particulier la vision morphoscopique, couvre un domaine beaucoup plus vaste que la simple détermination de l’acuité visuelle. Même si celle-ci est la base de la définition de la vision, le relevé de la vision des formes par les tests de sensibilité aux contrastes de luminance est un complément indispensable pour évaluer l’enveloppe de vision détectable par un oeil. En effet, la détermination de l’acuité visuelle évalue au pouvoir de discrimination le plus petit, et à contraste maximal, alors que la sensibilité aux contrastes de luminance évalue le nombre d’éléments physiques contenus dans le flux lumineux entrant et englobe l’ensemble du processus de détection environnementale, quelle que soit l’ambiance lumineuse.
L’application de ces principes aux sujets dits en état de cécité pratique ou encore aveugles légaux a permis de définir le concept « malvoyance », nouvelle entité fonctionnelle et clinique. Une personne malvoyante n’est ni un aveugle légal ou pratique, ni un aveugle de fait. Un malvoyant possède toujours des capacités visuelles qui peuvent lui permettre d’effectuer des tâches au moyen de la vision « restante » optimisée par le processus neurocognitif.
Le malvoyant n’appartient pas au monde de la cécité, mais il n’appartient plus au monde des « bien-voyants ». Il existe, par suite, une ambiguïté pour ce type de situation, entraînant des difficultés dans la vie quotidienne, souvent l’incompréhension de l’entourage.
La tenue des États généraux de la basse vision, à Paris le 8 mai 1995, sous l’impulsion du Dr S.-Y. Cohen et du Pr J.-P. Menu, a permis de connaître et de confronter les différentes prises en charge de sujets déficients visuels, en France, par les structures spécifiques à ce type de handicap. Il en a résulté la fondation de l’ARIBa (Association représentative des professionnels de basse vision ; Journal Officiel du 22 décembre 1995) qui constituait un lien favorisant les échanges interdisciplinaires pour privilégier une stratégie de prise en charge. Le Dr Béatrice Le Bail a accompagné, en 2015, les 20 ans d’existence de l’ARIBa qui est devenue Association francophone des professionnels de basse vision.
Que de chemin parcouru depuis 1986, avec en point d’orgue la désignation du Pr Pierre-Yves Robert en tant que coordinateur des travaux et chairman du groupe Europe lors de la conférence internationale de consensus sur la réhabilitation visuelle tenue à l’initiative de l’OMS, à Rome, début décembre 2015 ! La participation française y a été particulièrement appréciée et reconnue.
L’association entre recherche et clinique a été fondamentale et l’est encore dans la connaissance de la complexité, parfois encore ignorée, de la fonction visuelle, de son intégration avec les autres sens et de la place essentielle de l’intégration neuro-sensori-cognitive.
La prise en compte de la théorie mathématique des catastrophes ou singularité de Thom et les travaux de l’Institut de la Vision dirigés par le Pr José Sahel ont engendré des applications cliniques et fonctionnelles innovantes. La vision est apparue non seulement comme une fonction dédiée à un organe particulier, mais surtout comme une des fonctions nécessaires à la survie d’un organisme entier qui justifie pleinement la collaboration interdisciplinaire. L’enseignement diffusé par le Pr Bahram Bodaghi, responsable du département hospitalo-universitaire (DHU) « Vision et handicap », est à la base de cette formation.
Le replacement de l’oeil comme organe élémentaire, indispensable et nécessaire à la finalité de nombreuses fonctions physiologiques, permet à l’ophtalmologie de sortir d’un cadre, apparemment limité, de spécialité technique orientée fortement vers l’acte chirurgical. Or, s’il est indispensable de reconstruire l’organe oeil dans son intégrité anatomique, il est essentiel aussi de réfléchir à la modification fonctionnelle engendrée par les diverses pathologies ou les divers traumatismes oculaires, y compris chirurgicaux, qui entraînent des changements d’équilibre sensoriel et cognitif.
Trop souvent, la spécialité s’arrête à la remise en état, si l’on peut dire, de l’organe oeil, sans s’appesantir sur la finalité réelle de la demande du patient.
Il peut en être de même en cas de séquelles anatomocliniques qui nous laissent démunis. Or, les exemples et les expériences rapportés par certains de nos malades doivent nous faire porter une attention au fait que, même si une pathologie affecte profondément la fonction visuelle, il existe la possibilité de redonner au patient les moyens d’expressivité de ses possibilités sensorielles pour la poursuite de son parcours de vie.
Par ailleurs, l’humanité évolue de plus en plus vers une civilisation informatisée, numérique, télévisuelle, dans tous les actes de la vie (ordinateur, téléphone portable, écran de signalisation, billetterie automatique, etc.). De fait, s’amorce un regain d’intérêt pour la connaissance et la conséquence d’une déficience visuelle sur un individu ou une société. De plus, face à une plus longue espérance de vie de la population et à la difficulté de leur prise en charge pour les personnes les plus dépendantes du fait de polypathologies liées à l’âge, il apparaît nécessaire que chacun puisse garder une autonomie et continuer à vivre à son domicile, compte tenu du manque d’établissements d’accueil médicalisés. D’ailleurs, en son temps, Cicéron pouvait écrire : « La vieillesse est noble quand elle garde ses droits, se défend elle-même et ne doit rien à personne ». Cette orientation passe non seulement par la prise en charge thérapeutique ou préventive des maladies, mais aussi par la préservation des capacités visuelles et sensorielles de ces personnes afin qu’elles puissent assurer leur autonomie et avoir la possibilité de garder une communication sociale.
Ainsi, lorsque toute thérapeutique a échoué, ou que, dans un grand nombre de cas, il n’existe pas encore de traitement radical, certains de nos patients pourraient être considérés comme atteints d’un état incurable, devant rester à la charge de leur famille ou d’établissements adaptés. Actuellement, il est possible de développer une efficience visuelle chez la plupart de ceux-ci, grâce à une prise en charge fonctionnelle spécifique. Il existe cependant une différence d’appréciation de la part du malade et de la part des médecins. En effet, le sensoriel est souvent perçu comme limité à l’organe, et la tentation est immédiate de proposer plus de lumière ou l’usage d’une loupe. Or, les patients malvoyants ne se plaignent pas de ne plus voir ; ils se plaignent de ne plus lire, de ne plus se déplacer, de ne plus entendre, etc. Il s’agit donc de renaître à un nouvel état structurel neuro-sensori-cognitif.
Cet ouvrage, à partir de nombreux exemples, permettra à chaque ophtalmologiste, qui est aussi médecin, de reconnaître les difficultés rencontrées par quelques malades et de leur proposer un traitement rééducatif et réadaptatif, en explicitant qu’il s’agira du passage d’un état à un autre, certes différent, mais qui peut être efficient.
Christian Corbé
Pourquoi s’intéresser aux déficiences visuelles ?
Prendre en charge les déficiences visuelles suscite volontiers le désintérêt, pour de multiples préjugés :
1. C’est sans intérêt scientifique. Lorsque la science médicale a terminé son travail, il n’y a de place que pour l’assistance et la compassion.
2. Ce n’est pas notre métier. Notre métier d’ophtalmologiste est de redonner la vue. Lorsque la pathologie est plus forte que nous, nous passons la main. C’est normal.
3. C’est ingrat. Nous savons redonner 10/10 en 20 minutes de phacoémulsification. Un déficient visuel nous prend toujours beaucoup plus de temps ; pour quel résultat ?
4. C’est mal valorisé. Aucun acte CCAM (Classification commune des actes médicaux) spécifique ne permet actuellement de rentabiliser une consultation.
L’ambition de cet ouvrage est de montrer le contraire :
1. C’est une école scientifique. La prise en charge d’une déficience visuelle requiert des connaissances pointues dans de nombreuses disciplines : ophtalmologie, neurosciences, optique, pédiatrie, gériatrie, psychologie, et bien d’autres.
2. C’est le coeur de notre métier. Les patients déficients visuels sont ceux qui ont le plus besoin de nous.
3. C’est gratifiant. Une réadaptation réussie peut transformer une vie.
4. La valorisation sera au rendez-vous. Implanter une rétine artificielle n’a aucun sens si on ne réadapte pas le patient après.
La conférence internationale de consensus de l’OMS à Rome en décembre 2015 a reconnu le rôle central de l’ophtalmologiste, chef d’orchestre d’une équipe multidisciplinaire. Le développement des traitements des pathologies cécitantes passera inévitablement par une revalorisation des actes de réadaptation.
Les auteurs ont voulu vous proposer un ouvrage permettant de comprendre, d’explorer et de réadapter les patients déficients visuels. Ils espèrent que vous y trouverez, appuyées sur une base scientifique actualisée, des réponses ratiques àtoutes les questions que vous vous posez lorsqu’un patient déficient visuel franchit la porte de votre cabinet.
Pierre-Yves Robert
Les compléments en ligne peuvent être consultés aux adresses :
http://www.em-consulte.com/e-complement/475062
Chapitre 7
Vidéo 7-1
Présentation du Homelab.
http://www.em-consulte.com/emmflash/475062/emm016.mp4/
Vidéo 7-2
Présentation de la rue artificielle.
http://www.em-consulte.com/emmflash/475062/emm216.mp4/
Vidéo 7-3
Exemple d’une séquence de locomotion avec capteurs.
http://www.em-consulte.com/emmflash/475062/emm111.mp4/
Chapitre 9
eTableau 9-1
Divers essais cliniques de thérapie génique déclarés dans le monde (selon https://clinicaltrials.gov).
http://www.em-consulte.com/em/e-complement/475062/emm312.pdf
Chapitre 10
eFig. 10-1
Boîte aux lettres
http://www.em-consulte.com/emmflash/475062/emm412.jpg/
eFig. 10-2
Cuisine aménagée.
http://www.em-consulte.com/emmflash/475062/emm611.jpg/
eFig. 10-3
Éclairage de plaque de cuisson.
http://www.em-consulte.com/emmflash/475062/emm811.jpg/
eFig. 10-4
Rangement des couverts.
http://www.em-consulte.com/emmflash/475062/emm1018.jpg/
eFig. 10-5
Étiquetage agrandi.
http://www.em-consulte.com/emmflash/475062/emm1212.jpg/
eFig. 10-6
Lampe sous un meuble.
http://www.em-consulte.com/emmflash/475062/emm1415.jpg/
eFig. 10-7
Repères tactiles sur une machine à laver.
http://www.em-consulte.com/emmflash/475062/emm1612.jpg/
eFig. 10-8
Miroir grossissant ventouse.
http://www.em-consulte.com/emmflash/475062/emm1813.jpg/
eFig. 10-9
Boîtier de télécommande
http://www.em-consulte.com/emmflash/475062/emm2019.jpg/
eFig. 10-10
Lampe télécommandée
http://www.em-consulte.com/emmflash/475062/emm2215.jpg/
eFig. 10-11
Lampe LED, contact manuel.
http://www.em-consulte.com/emmflash/475062/emm2417.jpg/
Chapitre 11
eFig. 11-1
Couper du fromage.
http://www.em-consulte.com/emmflash/475062/emm2611.jpg/
eFig. 11-2
Repères tactiles pour disposer du fromage.
http://www.em-consulte.com/emmflash/475062/emm2814.jpg/
eFig. 11-3
Séparer jaune d’oeuf et blanc d’oeuf.
http://www.em-consulte.com/emmflash/475062/emm3013.jpg/
eFig. 11-4
Couper des tomates.
http://www.em-consulte.com/emmflash/475062/emm3218.jpg/
eFig. 11-5
Presser une orange.
http://www.em-consulte.com/emmflash/475062/emm3414.jpg/
eFig. 11-6
Adaptation d’un micro-onde.
http://www.em-consulte.com/emmflash/475062/emm3614.jpg/
eFig. 11-7
Adaptation de plaque électrique.
http://www.em-consulte.com/emmflash/475062/emm3816.jpg/
eFig. 11-8
Couper des tomates, contraste
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eFig. 11-9
Domino tactile.
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eFig. 11-10
Jeu adapté tactile Pegdomino•.
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eFig. 11-11
Lacer des chaussures, gestes guidés.
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eFig. 11-12
Geste guidé pour verser.
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eFig. 11-13
Utilisation d’un porte-monnaie dans un magasin.
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eFig. 11-14
Couper de la viande, apprentissage avec de la pâte à modeler.
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eFig. 11-15
Patrimoine visuel tactile (légumes).
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eFig. 11-16
Adaptation d’un jeu de gommettes.
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eFig. 11-17
Horloge agrandie.
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eFig. 11-18
Jeu adapté.
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eFig. 11-19
Opti mémo•.
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eFig. 11-20
Plan incliné avec une lampe (adulte).
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eFig. 11-21
Casquette dans un magasin
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eFig. 11-22
Bouchon doseur sépare-oeuf et anti-monte lait.
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eFig. 11-23
Aide technique, sépare-oeuf.
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eFig. 11-24
Perkins.
http://www.em-consulte.com/emmflash/475062/emm7212.jpg/
eFig. 11-25
Maintien de fixation, suivi de lignes.
http://www.em-consulte.com/emmflash/475062/emm7414.jpg/
eFig. 11-26
Maintien de fixation, suivi de lignes.
http://www.em-consulte.com/emmflash/475062/emm7612.jpg/
eFig. 11-27
Technique du suivi de lignes – sur support E de Weiss.
http://www.em-consulte.com/emmflash/475062/emm7813.jpg/
eFig. 11-28
Technique du suivi de lignes – sur mots en colonnes.
http://www.em-consulte.com/emmflash/475062/emm8013.jpg/
eFig. 11-29
Préparation à la lecture syllabique.
http://www.em-consulte.com/emmflash/475062/emm8212.jpg/
eFig. 11-30
Mise en place du relais vision spontanée/vision aidée.
http://www.em-consulte.com/emmflash/475062/emm8412.jpg/
eFig. 11-31
Appropriation : travail en situation.
http://www.em-consulte.com/emmflash/475062/emm8613.jpg/
eFig. 11-32
Exercices sur supports variés (calligraphies, contrastes, etc.).
http://www.em-consulte.com/emmflash/475062/emm8817.jpg/
eFig. 11-33
Stratégies : avantage de la préparation en colonnes.
http://www.em-consulte.com/emmflash/475062/emm9017.jpg/
eFig. 11-34
Installation à privilégier, correction optique appropriée !
http://www.em-consulte.com/emmflash/475062/emm9211.jpg/
eFig. 11-35
Copie d’écran du logiciel Dolphin Guide•.
http://www.em-consulte.com/emmflash/475062/emm9416.jpg/
eFig. 11-36
Copie d’écran du logiciel Le Localisateur• de Philippe Léon, pour rendre internet plus accessible.
http://www.em-consulte.com/emmflash/475062/emm9613.jpg/
eFig. 11-37
Bloc-notes Braille Sens• de la société HIMS.
http://www.em-consulte.com/emmflash/475062/emm9812.jpg/
eFig. 11-38
Plage Braille.
http://www.em-consulte.com/emmflash/475062/emm10014.jpg/
eFig. 11-39
Certificat ophtalmologique CERFA actuel.
http://www.em-consulte.com/emmflash/475062/emm10219.pdf
eFig. 11-40
Propositions d’améliorations du certificat ophtalmologique.
http://www.em-consulte.com/emmflash/475062/emm10313.pdf
eTableau. 11-1
Principaux logiciels de grossissement d’écran
http://www.em-consulte.com/em/e-complement/475062/emm10413.pdf
eTableau. 11-2
Principaux lecteurs d’écrans et synthèses vocales
http://www.em-consulte.com/em/e-complement/475062/emm10514.pdf
eTableau. 11-3
Autres logiciels d’assistance
http://www.em-consulte.com/em/e-complement/475062/emm10617.pdf