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Intérêts du dépistage des toxiques sanguins chez les patients polytraumatisés en salle de déchocage - 07/09/15

Doi : 10.1016/j.anrea.2015.07.010 
Cecile Jeandet 1, , Bernard Floccard 1, Guillaume Marcotte 1, Christian Guillaume 1, Alexandre Faure 1, Françoise Beyerle 2, Mustapha Moulsma 3, Thomas Rimmelé 1
1 Département d’anesthésie-réanimation, hôpital Édouard-Herriot, Lyon, France 
2 Laboratoire biochimique d’urgence, hôpital Édouard-Herriot, Lyon, France 
3 Laboratoire de pharmaco-toxicologie, hôpital Édouard-Herriot, Lyon, France 

Auteur correspondant.

Riassunto

Introduction

La prise en charge du traumatisé grave en salle de déchocage (SAUV) doit obéir à des protocoles, dont certains concernent l’accueil du patient et sa prise en charge initiale [1]. Dans notre SAUV, il existe un protocole d’examens biologiques, parmi lesquels la réalisation d’un bilan toxicologique en cas de tentative de suicide (TS) avérée ou suspectée. Nous avons évalué l’intérêt de cette recherche toxicologique protocolisée en SAUV.

Matériel et méthodes

Étude rétrospective réalisée durant 3ans (janvier 2012–décembre 2014) en SAUV d’un CHU. Tous les patients âgés de plus 16ans, victimes d’un traumatisme et ayant bénéficié d’un bilan toxicologique [dosages sanguins de paracétamol, tricycliques et « screening » des psychotropes usuels par HPLC (High Performance Liquid Chromatography)] à l’arrivée en SAUV étaient inclus. Le score de Glasgow (GCS) initial, les circonstances de survenue, l’existence d’un traumatisme crânien, la présence de lésions cérébrales scanographiques (LCS), la valeur de l’alcoolémie et les résultats du bilan toxicologique étaient recueillis. Selon le protocole, le bilan toxicologique était considéré comme justifié si le patient était admis pour une TS avérée ou suspectée ou si l’état neurologique du patient n’était pas expliqué par les LCS ou l’alcoolémie.

Résultats

Au total, 233 patients ont été inclus dont 68 % d’hommes. L’âge médian était de 36 (26–48) ans. À la prise en charge initiale, le GCS médian était de 14 (6–15). Le screening HPLC était positif chez 67 % des patients et isolait dans 58 % des cas une seule molécule. Au total, 257 molécules ont été détectées, dont 47 différentes. Il s’agissait de midazolam dans 40 % des cas et d’autres benzodiazépines (BZD) dans 28 %. Le bilan toxicologique était justifié chez 55 % des patients : TS avérée ou suspectée dans 94 % des cas, état neurologique sans LCS dans 6 % des cas. Parmi les bilans justifiés, 84 % des screening HPLC étaient positifs et 10 % l’étaient à doses toxiques, principalement aux BZD, mais n’entraînant aucune action thérapeutique spécifique. L’alcoolémie était également positive chez 41 % des patients. Parmi ces patients, l’alcoolémie moyenne était de 1,59±0,95g/L. Le prix des bilans toxicologiques était de 34 000 euros, dont 15 300 euros pour les bilans non justifiés.

Discussion

Le bilan toxicologique réalisé de manière protocolisée en SAUV avait comme objectif initial de détecter des intoxications médicamenteuses volontaires (IMV) associées aux traumatismes. Parmi les résultats positifs, seulement 10 % s’avéraient être à des doses toxiques, sans pour autant nécessiter une prise en charge thérapeutique spécifique. Par ailleurs, le protocole de service n’était respecté que dans la moitié des cas. Au vu des coûts engendrés et du peu d’impact clinique et thérapeutique, ce bilan toxicologique ne devrait plus être réalisé en SAUV mais seulement secondairement en cas d’IMV associée et avérée impliquant une prise en charge thérapeutique spécifique ou en cas de discordance clinico-radiologique.

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