Syndrome néphrotique paranéoplasique et maladie de Hodgkin : à propos de c-mip - 02/12/14
Riassunto |
Introduction |
La maladie de Hodgkin (MH) est un lymphome dont l‘incidence dans l’Union Européenne est de 2,2 pour 100 000 habitants par an. Le syndrome néphrotique (SN) à lésions glomérulaires minimes (LGM) fait partie des manifestations paranéoplasiques observées au cours de la MH. Récemment, un mécanisme physiopathologique moléculaire mettant en jeu le gène c-mip a été proposé pour expliquer l’association MH et SN à LGM.
Observation |
Une patiente de 18ans sans antécédent est hospitalisée en 2012 pour un syndrome œdémateux brutal. Le bilan étiologique alors réalisé retrouve une protéinurie à 4,6g/24h ainsi qu’une hypo-albuminémie à 26g/L. Devant ce syndrome néphrotique, une ponction biopsie rénale est réalisée et met en évidence un glomérule rénal normal en microscopie optique, sans prolifération cellulaire ni dépôts d’immunoglobulines. Le diagnostic retenu est celui de SN à LGM. Une corticothérapie systémique à 1mg/kg/j est débutée et permet de négativer la protéinurie. Une décroissance de cette corticothérapie est donc entreprise et le traitement est arrêté en juillet 2013 avec une LGM considérée en rémission complète. Un mois après l’arrêt de cette corticothérapie apparaissent un prurit intense, des signes généraux à type de sueurs nocturnes et fièvre ainsi qu’un syndrome tumoral cervical et axillaire gauche. Un scanner thoraco-abdomino-pelvien est réalisé et retrouve des adénomégalies sus et sous-diaphragmatiques sans lésion osseuse ni viscérale. La biopsie d’une adénopathie axillaire gauche et le bilan d’extension conduisent au diagnostic de Maladie de Hodgkin de type scléronodulaire de stade IVBb. Une relecture histologique attentive et des marquages complémentaires demandés dans le contexte ont montré une surexpression du gène c-mip dans les cellules de Reed-Sternberg au niveau ganglionnaire (Fig. 1, Fig. 2) ainsi que dans les podocytes du glomérule rénal (Fig. 3). Un traitement par chimiothérapie de type ABVD est débuté et permet une réponse partielle sur le plan hématologique justifiant la réalisation d’un traitement de 2e puis de 3e ligne. Il n’y a eu aucune récidive du syndrome néphrotique depuis le diagnostic et la prise en charge thérapeutique du lymphome de Hodgkin.
Discussion |
Depuis plusieurs années, de nombreux travaux ont tenté d’expliquer l’association entre SN à LGM et Maladie de Hodgkin. La tendance actuelle est de considérer cette atteinte comme un syndrome paranéoplasique secondaire. Un mécanisme moléculaire est à présent suggéré mettant en jeu le gène c-cmaf induced protein (mip) surexprimé au niveau des cellules de Reed-Sternberg et des podocytes de patients présentant l’association MH-SN. Le rôle de c-mip a déjà été identifié dans le syndrome néphrotique idiopathique par l’intermédiaire de son action sur la voie NF-κB dans les podocytes. Il a en effet été montré l’importance de la voie NF-κB dans la régulation de l’apoptose podocytaire. La surexpression de c-mip entraîne une diminution de l’expression de protéines antiapoptotiques comme RelA (qui appartient à la famille NF-κB) et une augmentation des protéines proapoptotiques telles Bax et caspase 3 entraînant une apoptose accrue des podocytes. De plus, c-mip entraîne une désorganisation du cytosquelette responsable d’une rétraction des pieds des podocytes. Ces deux mécanismes concourent au développement du SN. Cette surexpression de c-mip est retrouvée sur les biopsies rénales de patients atteints de SN idiopathiques et de SN associés à la MH. Au contraire, dans le tissu lymphoïde, on ne retrouve cette anomalie uniquement chez les patients présentant l’association MH-SN. Elle est absente chez les patients atteints de MH seule sans atteinte rénale ce qui constitue un argument supplémentaire de l’imputabilité de ce gène dans l’association de ces deux maladies. Dans le cas de cette jeune patiente, le gène c-mip est bien surexprimé dans les deux tissus. Il est intéressant de noter que les signes généraux ayant révélé la maladie de Hodgkin sont apparus à l’arrêt de la corticothérapie. Comme dans la plupart des manifestations paranéoplasiques, le SN peut apparaître indifféremment avant (38 %), de manière contemporaine (19 %), ou après (43 %) le diagnostic de MH.
Conclusion |
L’association MH et SN à LGM repose sur un substratum physiopathologique moléculaire commun comportant une surexpression pathologique du gène c-mip impliqué dans l’apoptose des podocytes.
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Vol 35 - N° S2
P. A194-A195 - Dicembre 2014 Ritorno al numeroBenvenuto su EM|consulte, il riferimento dei professionisti della salute.
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