Nous présentons dans cet article original une étude histologique de résidus cutanés opératoires.

Cette étude a été réalisée dans le but de montrer de manière objective la diversité qu’il existe au niveau de la peau saine en fonction de la zone anatomique, du sexe et de l’âge, d’expliciter des principes chirurgicaux admis désormais de tous, mais souvent mal illustrés ou encore d’apporter un raffinement cosmétique supplémentaire à nos indications.

Sur une période de deux ans, 141 patients ont été sélectionnés, il s’agissait de 69 hommes et 72 femmes. Les prélèvements ont intéressé 54 fois la région tête et cou (38,3 %), 34 fois le tronc (24,1 %) et 53 fois les membres (37,6 %). Au niveau de ces trois grandes régions, nous avions préalablement défini 35 zones d’intérêt, qui ont toutes été étudiées à l’exception du menton et de la région cervicale antérieure. L’étude a consisté en l’analyse de résidus cutanés opératoires et de peau périphérique saine de lésions bénignes. Chaque prélèvement après son acheminement au laboratoire d’anatomopathologie a bénéficié de la réalisation de lames suivant quatre techniques différentes. Ainsi, une étude histologique complète a alors pu être menée. Elle a consisté en une étude purement quantitative avec mesure des différentes couches cutanées, évaluation de la densité pigmentaire et mesure objective de la densité en fibres élastiques. Enfin, une analyse descriptive a été menée zone par zone.

Les résultats de l’analyse quantitative nous ont permis d’établir des hiérarchies entre les différentes zones et ce pour tous les paramètres considérés. Ces résultats sont globalement en accord avec les données disponibles dans la littérature. Les résultats de l’analyse descriptive nous ont eux, permis de révéler les spécificités régionales, avec illustration visuelle de l’existence au niveau de la face, notamment d’une véritable mosaïque cutanée. Enfin, le croisement des deux analyses nous a permis d’énoncer des principes de bonne pratique en chirurgie reconstructrice quant au choix de la couverture cutanée la mieux adaptée en fonction des critères étudiés et de la zone considérée.

Cette étude qui représente l’ébauche d’une cartographie dynamique adaptée à la chirurgie plastique, n’a aucune prétention d’exhaustivité. Mais si modeste soit-elle, elle nous a fourni des résultats conformes aux données de la littérature et nous a conforté dans nos pratiques chirurgicales. Enfin, elle nous a permis de confirmer notre postulat de départ, à savoir qu’il n’existe non pas une mais des peaux.

We present in this original article a histological study of surgical skin residues.

This study was realized in order to show, in objective way, skin diversity according to sex, age and area, and to illustrate some current surgical practices of our speciality.

Two years along, 141 patients was selected, 69 Men and 72 women. Fifty-four biopsies were realized on the upper extremity, 34 on the trunk and 53 on legs and arms. The histological study was based on two steps; the first one was a classic quantitative study, with measurement of each cutaneous layer, and objective evaluation of elastic density in superficial dermis. The second one was a descriptive histological analysis of each cutaneous area.

The results coming from the quantitative analysis, allowed us to establish a classification of all the areas, according to each parameter. These results are globally compliant to the literature. The results of the descriptive analysis, lead us to conclude that it exists a lot of different skins with regional specificities. Then the crossover of the two analyses allowed us to define good practices tricks, in order to choose the best reconstruction technique for each area.

This study is just a rough draft of a dynamic skin cartography adapted to our surgery. But it allowed us to confirm our basic premise: it doesn’t exist only one skin but many skins.