La reconstruction de la pointe du nez est une chirurgie très délicate car elle doit reconstruire trois plans anatomiques différents : le plan muqueux, le plan cartilagineux et le plan cutané avec des impératifs fonctionnels et esthétiques. Chez les patients brûlés, elle est d’autant plus difficile que les sites donneurs sont réduits et la qualité de la peau médiocre. Elle fait le plus souvent appel à des lambeaux locorégionaux ou prélevés à distance. Nous rapportons notre expérience de la reconstruction des ailes du nez grâce à la technique de remodelage du tissu cicatriciel sous-cutané au moyen d’un lambeau d’enroulement greffé.

Étude rétrospective de sept patients, cinq femmes et deux hommes, d’âge moyen 30 ans, ayant bénéficié de cette technique entre 1991 et 2006. Six patients avaient des séquelles de brûlure et une patiente présentait une hémiagénésie faciale congénitale.

La reconstruction a été bilatérale chez tous les patients brûlés (n=6). La greffe de peau a été prélevée au niveau de la face interne de l’avant-bras (n=4), en rétro-auriculaire (n=2) et dans le pli inguinal (n=1). Un patient a nécessité une reprise chirurgicale pour une escarre de la pointe du nez. Les patients ont été suivis en moyenne pendant cinq ans (de six mois à 15 ans), aucune obstruction nasale n’a été rapportée.

Le lambeau dermique enroulé greffé pour reconstruire les ailes du nez est une technique simple et fiable, réalisable avec du tissu cicatriciel. Le comblement de la perte de substance et la reconstruction des plans anatomiques du nez se font en un seul temps opératoire. Les résultats fonctionnels et esthétiques sont satisfaisants. Cette technique est bien adaptée aux cas de séquelles de brûlures, elle peut également être utilisée en cas d’hémiagénésie narinaire mais aussi de mutilations par morsures ou accidents de la voie publique.