L’injection de paracétamol intraveineux (IV) serait responsable d’hypotensions artérielles sans que l’incidence ni le mécanisme n’aient jamais été étudiés. L’objectif principal de cette étude était d’évaluer l’incidence de ces hypotensions en réanimation. Les objectifs secondaires étaient d’étudier un éventuel mécanisme immunoallergique ainsi que les facteurs de risque.

Il s’agit d’une étude observationnelle, conduite dans trois services de réanimation d’un CHU.

Tous les patients consécutifs, devant recevoir du paracétamol IV ont été inclus. Le monitorage de la pression artérielle était continu. Une hypotension se définissait par une chute de 20 % de pression artérielle systolique (PSA) au cours ou dans les suites de l’administration. Deux dosages de tryptase étaient alors réalisés. La vitesse d’administration était monitorée.

En deux mois, 127 patients ont été inclus, représentant 1507 administrations de 1g de paracétamol IV en réanimation. Vingt hypotensions sont survenues (incidence de 1,33 %). Aucun argument en faveur d’un phénomène immunoallergique n’a été retrouvé. La vitesse moyenne d’administration était de 32±9minutes. Une hypotension sur deux a nécessité un traitement spécifique. L’incidence des hypotensions chez les patients cérébrolésés était de 3,9 %. Quatre-vingt pour cent des patients ayant présenté une hypotension étaient en sepsis sévère ou en choc septique.

Dans cette étude, l’incidence des hypotensions suite à l’administration de paracétamol IV chez les patients de réanimation est 10 fois supérieure à celle déclarée dans les mentions légales. L’hypothèse immunoallergique est peu probable. Un traumatisme crânien et/ou un sepsis sévère pourraient être des facteurs de risque.

The aim of this study was to evaluate the incidence of paracetamol-induced hypotension in intensive care unit (ICU). The secondary end-point was the description of pathophysiologic phenomenon during this hypotension and risk factors.

An observational study in three ICU of a French teaching hospital.

All consecutives patients whom benefit from intravenous paracetamol administration were included in the study. When a 20% droop in arterial blood pressure occurred, plasma samples were obtained and tryptases were measured at 6 and 48hours. Clinical, biological characteristics and paracetamol administration duration were prospectively monitored.

During a 2-months period, 127 ICU patients were included in the study with 1507 paracetamol administration. Twenty droops in arterial blood pressure were recorded in ICU. The incidence rate was 1.33%. Administration duration was 32±9min. No respiratory nor cutaneous manifestations occurred during hypotensions. A specific treatment was administrated in half of the patients. Hypotension incidence was higher (3.9%) in patients with brain injury. Eighty percent of patients with hypotension have a severe sepsis or a septic shock.

In this cohort of ICU patients, hypotension incidence was higher than reported in drug legal mentions. Immunoallergic phenomenon was excluded. Brain injury and sepsis seems to be risk factors.