Objectif : L’objectif principal de cette enquête était d’identifier chez des patients âgés les facteurs prédictifs de complications du RGO et secondairement de décrire les motifs de réalisation d’endoscopie œso-gastro-duodénale (EOGD) et les diagnostics endoscopiques.

Patients et Méthodes : Etude multicentrique, descriptive et prospective sur une période de 2 fois 3 semaines consécutives (mars-avril 2006). Seuls les patients de plus de 65 ans et adressés pour EOGD ont été inclus.

Résultats : 127 gastro-entérologues ont inclus un total de 725 patients (âge moyen 73,8 ± 6,5 ans, 41,5 % > 75 ans, 56 % de femmes). 33,1 % des patients souffraient de RGO depuis 9,8 ans (moyenne) parmi lesquels 48,3 % avaient déjà des complications du RGO, principalement des œsophagites d’intensité légère à modérée (77,6 %). Parmi les 62,9 % des patients déclarant prendre un médicament, 37,9 % avaient un médicament favorisant le RGO et 35,1 % avaient un médicament gastrotoxique (AINS, Aspirine). Les signes d’appel les plus fréquents motivant l’endoscopie étaient digestifs non spécifiques, isolés ou associés, chez 66,4 % des patients (notamment gastralgies 31,0 %, dyspepsie 24,9 %). Des symptômes digestifs typiques de RGO (pyrosis 43,7 % et régurgitations acides 24,1 %) ou atypiques extra-digestifs de RGO (manifestations thoraciques 10,7 %, respiratoire 6,5 % et ORL 9,5 %) ont justifié la réalisation de l’endoscopie chez, respectivement, 52,6 % et 24,2 % des cas. Chez un quart des patients inclus, la symptomatologie était considérée comme « sérieuse » à « très sérieuse » : altération de l’état général (47,5 %) ou une anémie (45,1 %), dont la prévalence augmentait avec l’âge (p < 0,0001). Des lésions œsophagiennes et des anomalies endoscopiques existaient chez 74,3 % des patients ; une hernie hiatale et une béance du cardia a été observée dans respectivement 64,8 % et 21,8 % des cas, 45,4 % des patients avaient une œsophagite « non sévère » (érosions multiples mais non circonférentielles 18,4 %, érosion unique 14,3 % et muqueuse érythémateuse 12,7 %) et 25,2 % avaient des complications « sévères » (EBO 10,8 %, érosions circonférentielles 7,3 %, ulcération œsophagienne 4,3 % et sténose 2,8 %). Un cancer œsophagien a été diagnostiqué chez 0,7 % des patients. Les facteurs prédictifs de complications du RGO étaient : la présence de symptômes typiques (OR = 3,5, p < 0,0001), de dysphagie (OR = 3,2, p = 0,0014), la prise antérieure de dérivés nitrés (OR = 2,2, p = 0,0385), les symptômes atypiques extra digestifs (OR = 2,2, p = 0,0013), et les antécédents de RGO (OR = 2,0, p = 0,0018). De plus, les facteurs prédictifs de complications sévères du RGO étaient : la dysphagie (OR = 3,9, p < 0,0001), la prise antérieure d’AINS (OR = 3,0, p = 0,0023), le sexe masculin (OR = 2,6, p < 0,0001), la présence de symptômes typiques (OR = 2,1, p = 0,0012) et de complications antérieures (OR = 1,9, p = 0,0168).

Conclusion : Cette première étude épidémiologique menée chez des patients âgés a montré la fréquence du RGO et de ses complications. Les complications sévères sont corrélées à la dysphagie, à des symptômes typiques, à la prise antérieure d’AINS et au sexe des patients.