La plainte cognitive est un effet secondaire invalidant fréquent rapporté par les patients traités pour un cancer, avec un impact important en termes de qualité de vie et de reprise des occupations et rôles signifiants. Elle peut être associée à des troubles objectifs (notamment attentionnels et vitesse de traitement de l'information). Ces difficultés peuvent émerger précocement au cours du parcours de soins, mais peuvent aussi se révéler plus tardivement et/ou persister pendant plusieurs années après les traitements. Les mécanismes sont complexes et possiblement intriqués, associant des toxicités directes et indirectes du cancer et de ses différents traitements, mais aussi des facteurs associés modulateurs plus ou moins modifiables. Malgré l'augmentation de la prévalence, cette dimension reste probablement sous-diagnostiquée alors même que l'enjeu à moyen et long termes est crucial. Cet article a comme objectif de préciser les caractérisations cliniques et les profils évolutifs, les données de neuro-imagerie et les biomarqueurs à l'étude, d'apporter des précisions sur les mécanismes explicatifs connus ou supposés de ces troubles, ainsi que sur les possibles facteurs de risque et les facteurs associés. Sur un versant davantage de pratique clinique, il vise aussi à proposer l'utilisation d'outils validés et pertinents pour l'évaluation clinique (de détection ou de recours) et de présenter des stratégies possibles de prise en charge et d'accompagnement.