L’arthroplastie unicompartimentale de genou (PUC) est une intervention fiable et reproductible. Alors que certains chirurgiens l’ont totalement incorporée à leur arsenal thérapeutique, d’autres sont réticents, entraînant une grande disparité de pratique. L’objectif de l’étude était de déterminer à partir de l’épidémiologie de l’arthroplastie unicompartimentale de 2009 à 2019 : 1) l’évolution des tendances de croissance par sexe et âge ; 2) l’évolution de l’état de comorbidité des patients lors de l’opération ; 3) l’évolution des tendances selon les régions ; 4) la projection la plus adaptée aux observations à 2050.

Notre hypothèse était qu’en France, on observait une dynamique à la hausse sur la période étudiée, différente en fonction des caractéristiques de la population.

L’étude a été menée en France sur la période 2009–2019 pour chaque sexe et tranche d’âge. Les données étaient issues de la base de données du SNDS (Système national des données de santé), qui regroupe toutes les interventions menées en France. En se basant sur le recueil des actes effectués, il a été déduit les taux d’incidence (pour 100 000 habitants) et leur évolution ainsi que l’évaluation indirecte de l’état de comorbidité du patient. En utilisant des modèles de projection de types linéaire, Poisson et logistique, les taux d’incidence ont été projetés aux années 2030, 2040 et 2050.

Entre 2009 et 2019, le taux d’incidence des PUC a fortement augmenté (de 12,76 à 19,57 ; +53 %), la croissance était différente chez les hommes (de 10,78 à 20,34 ; +89 %) et les femmes (de 14,61 à 18,85 ; +29 %). Le sexe-ratio homme/femme est passé de 0,69 en 2009 à 1,0 en 2019. La croissance était la plus importante chez les hommes de moins de 65 ans (de 4,9 à 9,9 ; +100 %) et la plus faible chez les femmes de plus de 75 ans (de 41,2 à 40,5 ; −2 %). Sur la période étudiée, la proportion de patients avec des comorbidités peu sévères (GHM1) augmentait (de 71,7 % à 81,1 %) au dépend des autres classes. Cette dynamique était observée pour toutes les tranches d’âge : 0–64 ans (de 83,3 % à 90 %), 65–74 ans (de 81,4 % à 88,4 %), 75 ans et plus (38,2 % à 52,6 %), quel que soit le sexe. Il existait une forte disparité entre les régions avec une évolution du taux d’incidence allant de −22 % (de 29,8 à 23,1) pour la Corse à +251 % (de 13,9 à 48,7) pour la Bretagne. Les modèles de projection proposés suggéraient une augmentation du taux d’incidence de +18 % en régression logistique, +103 % en régression linéaire d’ici 2050.

Notre étude a montré une forte croissance du nombre de PUC en France sur la période étudiée. La croissance est la plus importante chez les hommes jeunes. La proportion de patients peu comorbides a augmenté pour toutes les tranches d’âges. Une disparité de pratique inter-régionale est mise en évidence, avec des indications encore imparfaitement définies et différentes selon le praticien. On peut s’attendre à une poursuite de la croissance dans les années à venir, entraînant une augmentation de la charge en soins.

IV ; etude épidémiologique descriptive.