Du fait de leur accès facilité par Internet, de nombreux produits sont détournés par les sportifs de haut niveau mais également par les amateurs (culturistes, par exemple) pour améliorer leur performance physique, esthétique et/ou mentale. Dans le cadre de cette thèse, je me suis intéressée aux substances de la performance suivante, qui sont interdites en permanence par l’Agence mondiale anti-dopage (AMA) : les agents anabolisants classés S1 – les modulateurs sélectifs des récepteurs des androgènes (SARMs) S1.2 – les modulateurs hormonaux et métaboliques S4 et enfin la classe S5 qui comprend les diurétiques et les agents masquants. L’abus de ces substances peut conduire à des effets secondaires de type psychiatrique, de l’agressivité et à des complications pour la santé pouvant mener jusqu’au décès. Il est donc important de savoir les identifier dans un laboratoire de toxicologie médico-légale. Afin de comprendre si les résultats anormaux (dopage) ou positifs (médico-légal) observés sont dus à des contaminations environnementales, à des malversations ou à des pratiques dopantes caractérisées, l’analyse des phanères (cheveux, poils) a été choisie. L’objectif principal de cette thèse a été d’établir des critères d’interprétation pour expliquer les résultats dans les phanères.

La première partie du travail a été consacrée à la mise en place d’une stratégie analytique et au développement et à la validation de trois méthodes d’analyses robustes et sensibles dans les cheveux à l’aide de systèmes de chromatographie liquide/gazeuse couplée à des détecteurs de spectrométrie de masse en tandem. À ce jour, les librairies de spectres MS comportent 20 stéroïdes anabolisants et 10 esters de testostérone, nandrolone, drostanolone et boldenone, 9 SARMs et 2 modulateurs métaboliques associés à la consommation de SARMs et enfin 9 diurétiques. Les méthodes MS sont mises à jour dès lors qu’un nouveau produit est commercialisé.

Après la mise en place des méthodes analytiques, ma thèse a porté sur la caractérisation de l’incorporation de ces substances dans les cheveux, les poils et/ou les ongles. Pour ce faire, les méthodes ont été appliquées à des cas de dopage dans des cas de suspicion de contamination, à des affaires médico-légales dans des cas de violence ou de décès lié à l’abus d’agents anabolisants et à des cas cliniques dans le cadre du suivi thérapeutique des patients admis à l’hôpital.

Pour finir, afin d’augmenter la spécificité des méthodes, d’identifier de nouveaux produits et leurs métabolites dans les urines ou d’identifier des produits inconnus avec précision, il a été nécessaire d’utiliser deux outils supplémentaires : les microsomes hépatiques humains et la spectrométrie de masse haute résolution.

Ces travaux ont donné lieu à 22 publications nationales et internationales ainsi qu’à de nombreuses collaborations.