Les infiltrations péridurales ont prouvé leur efficacité dans le traitement des lomboradiculalgies communes. La plupart des travaux dans la littérature se sont intéressés à l’évaluation des résultats antalgiques de cette technique ainsi sa tolérance, mais très peu d’études ont concerné la douleur générée par ces infiltrations péridurales.

L’objectif de notre étude était d’évaluer la douleur générée par les infiltrations péridurales de corticoïdes et rechercher les facteurs pouvant influencer cette douleur afin d’établir des attitudes thérapeutiques.

Il s’agit d’une étude observationnelle monocentrique menée dans le service de rhumatologie, de l’hôpital Charles Nicolle sur une période de 6 mois incluant les patients hospitalisés pour une lombosciatique commune de trajet L5 ou S1 ayant résisté aux thérapeutiques médicamenteuses et physiques classiques et chez qui une série de trois infiltrations péridurales aux corticoïdes a été indiqué. Les principales caractéristiques démographiques, socioéconomiques, les antécédents de geste similaire ainsi que l’existence de comorbidités ont été recueillies. L’évaluation de la douleur a été réalisée à l’aide de l’échelle visuelle analogique de Huskisson (EVA) juste avant l’infiltration et juste après l’injection du corticoïde.

Quarante-quatre infiltrations péridurales ont été pratiquées chez 17 patients. Il s’agissait de 12 hommes et 5 femmes d’âge moyen 53,610±5 ans. La majorité des patients était de niveau d’étude primaire et d’un niveau socioéconomique moyen à bon. L’EVA juste avant l’infiltration était en moyenne 5,5±2mm et elle était≥7 dans 31 % des infiltrations. L’EVA juste après l’infiltration péridurale était en moyenne 6,7±2. Une augmentation de cette EVA par rapport à l’EVA initiale était notée dans 57 % des cas.

La recherche de facteurs prédictifs de genèse de la douleur post-infiltration montrait que l’âge jeune avec un seuil de 55 ans (p=0,022) et l’intensité de la douleur initiale (p<0,001) sont des facteurs prédictifs significatifs de l’apparition de douleur induite, alors que l’existence d’une comorbidité (essentiellement l’hypertension artérielle et le diabète) serait plutôt un facteur protecteur (p=0,006). Les facteurs sexe, origine, niveau d’étude, conditions socioéconomiques, antécédants de geste ne semblent pas avoir d’effet sur la douleur induite par l’infiltration.

Les infiltrations péridurales aux corticoïdes peuvent être à l’origine de douleurs induites sous l’intrication de plusieurs facteurs. L’étude de cette douleur est intéressante afin de reconnaître ces facteurs et établir des attitudes préventives.