Intoxication phalloïdienne chez une femme allaitante : quelles conséquences pour le bébé ? À propos d’un cas - 20/09/21
Riassunto |
Objectifs |
Une hausse des intoxications par les champignons a été observée par les Centres Antipoison et de Toxicovigilance (CAP-TV) français ces deux dernières années. Malgré des informations de l’ANSES, il persiste des comportements à risque d’intoxication. Nous rapportons ici le cas d’une femme allaitante qui a présenté une intoxication phalloïdienne.
Méthode |
Une femme âgée de 33 ans se présente aux urgences pour des douleurs abdominales, vomissements persistants (au moins une fois par heure) et des diarrhées aqueuses évoluant depuis 30heures. Les symptômes sont apparus 10heures après l’ingestion de champignons ramassés au bord d’une route. Cette femme allaite son enfant âgé de 5 mois de manière exclusive (5 à 6 tétées par jour). L’enfant est né à terme avec un poids de naissance de 3,471kg. À 5 mois, il pèse 7,135kg, il n’a pas d’antécédent. La maman a continué l’allaitement malgré les troubles digestifs. Aux urgences, le bilan biologique retrouve chez elle une cytolyse hépatique (ALAT 189 UI/L, ASAT 214 UI/L, TP 91 %). Les urgentistes contactent le CAP-TV de Lyon pour avis concernant les risques pour l’enfant toujours allaité et asymptomatique. La chronologie et la symptomatologie sont en faveur d’un syndrome phalloïdien, confirmé avec l’identification des champignons par des experts : Amanite phalloïde, Amanite rougissante, Agarics, Lepiotes et Paxille enroulé. Un traitement par N-acétylcystéine et silymarine est instauré ainsi qu’une hydratation par voie intraveineuse. L’allaitement est arrêté et l’enfant hospitalisé en pédiatrie pour surveillance. L’état clinique de la maman se dégrade le lendemain (ALAT 999 UI/L, ASAT 805 UI/L, TP 74 %, Facteur V 60 %) nécessitant une hospitalisation et 48heures en réanimation. L’évolution est favorable deux jours plus tard. Le bébé est resté asymptomatique avec un bilan hépatique normal.
Résultats |
Une recherche d’amanitine a été réalisée dans les urines et le sang de la mère ainsi que dans le lait maternel (par chromatographie liquide couplée à la spectrométrie de masse haute résolution, avec une limite de détection (LOD) : 0,25ng/ml et une limite de quantification (LOQ) : 0,5ng/ml) [1 ]. Les prélèvements ont été réalisés 20heures après l’ingestion. La recherche d’amanitines dans le sang était négative, positive dans les urines (2,40ng/ml soit 1,4μg/g de créatinine, intoxication si>1ng/ml) et négative dans le lait maternel.
Conclusion |
La présence d’amanitines dans les urines témoigne de l’intoxication de la mère par des champignons toxiques. L’absence de détection d’amanitine dans le lait est à considérer avec précaution, cette matrice étant rarement employée pour les analyses toxicologiques, la méthode analytique a dû y être adaptée. Néanmoins, ces résultats sont concordants avec l’absence de symptôme chez l’enfant allaité. L’amanitine a un poids moléculaire relativement élevé (918,9g/mol pour l’alpha-amanitine et 919,5g/mol pour la bêta-amanitine) et une faible liposolubilité [2 ]. Ces éléments sont en faveur d’un passage limité de cette toxine dans le lait maternel. À notre connaissance, seul un autre cas d’intoxication par amanitine chez une femme allaitante a été rapporté dans la littérature [3 ]. La mère a présenté une atteinte plus sévère que celle de notre patiente. L’enfant âgé de 4 mois a été allaité 4heures après l’ingestion et poursuivi alors que la mère était symptomatique. Durant leur hospitalisation, il est resté asymptomatique. L’amanitine était là aussi indétectable dans le lait maternel. L’intoxication par champignons chez la femme allaitante reste exceptionnelle. Une surveillance clinico-biologique de l’enfant allaité est toutefois indispensable. En cas de syndrome phalloïdien, il semble que le passage de l’amanitine dans le lait maternel soit relativement faible.
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Vol 33 - N° 3S
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