La maladie d’Alzheimer touche de façon caractéristique la mémoire et principalement la mémoire à long terme. Elle altère le jugement et le langage, tout aussi nécessaires que la mémoire pour l’inscription du malade dans le temps quotidien. Cette inscription temporelle échappe peu à peu au malade avec l’évolution de la maladie et, lorsqu’il en est conscient, il en souffre. Dans les premiers stades de la maladie, il lutte pour maintenir une vie adaptée au quotidien, puis, il s’adapte en gérant du mieux qu’il le peut, les bribes mnésiques qui lui sont encore accessibles. Dans un second temps, il lâche prise, entamant une régression psychomotrice. Nous décrivons, dans cet article, les tensions psychologiques qui l’assaillent jusqu’au moment où il ne peut plus lutter. Nous nous appuyons, ici, sur les mécanismes psychiques permettant au patient de construire une signification de son environnement tel qu’il peut le percevoir et le vivre. D’autres dimensions temporelles lui sont cependant accessibles, ouvertes par des analogons ou des relations empathiques, dans lesquelles les enjeux temporels échappent à sa volonté et lui permettent un certain bien-être.

Alzheimer's disease characteristically affects memory and primarily long-term memory. It impairs judgment and language, just as necessary as memory for the patient to find a place in daily life. This temporal dimension gradually escapes patients with the evolution of the disease, and when they are conscious of it, they suffer from it. In the early stages of the disease, they struggle to maintain a lifestyle coherent with everyday living, and then they adapt, managing as best they can, with the fragments of memory to which they still have access. In a second stage, patients let go, and fall into psychomotor regression. In this article, we describe the psychological tensions that distress the demented person until they can no longer fight. Our reflection is based on the psychic mechanisms enabling patients to construct a meaning for their environment as they perceive and experience it. Other temporal dimensions are accessible to them, opened up by analogons or empathetic relationships, where the temporal challenges are no longer subject to the patient's volition, making way for a certain well being.