Cet article constitue une réflexion concernant l’importance de considérer l’évolution neurocognitive dans une perspective vie-entière afin de mieux appréhender le profil neuropsychologique des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer (MA). Pour cela, nous commencerons par présenter la théorie de la rétrogenèse originale telle que développée par Reisberg et al. qui formule que la détérioration des processus fonctionnels et neurocognitifs dans la MA présente une évolution inverse des séquences d’acquisition dans l’enfance. Nous proposerons ensuite une analyse de l’impact de la théorie princeps de la rétrogenèse sur la considération du vieillissement et plus particulièrement sur la MA et montrerons comment elle véhicule, malgré elle, les prémisses d’un glissement du constat d’une rétrogenèse organisée des habiletés vers la considération d’un état rétrograde. Cela nous permettra de défendre une utilisation précautionneuse de la théorie de la rétrogenèse n’amalgamant pas processus rétrogénétiques et régression de l’individu. Nous conclurons en défendant l’idée que la notion de la rétrogenèse n’a de sens que dans le contexte précis de l’étude de l’histoire ontogénétique entière d’un individu, d’une habileté ou encore d’un processus neurocognitif ; c’est-à-dire, dans une perspective vie-entière.

The purpose of this paper is to propose a reflection on the importance of considering neurocognitive evolution in a lifespan perspective in order to better understand the neuropsychological profile of Alzheimer's disease patients (AD). We will begin by developing Reisberg's retrogenesis theory, according to which the deterioration of functional and neurocognitive processing evolves in a reverse sequence to development stages in children. Then, we will analyse the impact of this theory on the consideration of ageing, and more specifically of AD. We will demonstrate how this theory can, in spite of itself, convey the idea of the regression of an individual, instead of the sequential deterioration of their abilities. This will then enable us to argue for a cautious use of the retrogenesis theory, without confusing retrogenesis processes and individual regression. We will conclude by suggesting that the retrogenesis theory only makes sense in the precise context of the entire ontogenetic study of an individual, an ability or a neurocognitive process, that is to say, in a lifespan perspective.