Étude du risque de saignements, hors hémorragies cérébrales, sous statines à partir de la Base nationale de pharmacovigilance et de la revue systématique de la littérature - 22/11/19

Riassunto |
Introduction |
Le profil d’effets indésirables des statines, inhibiteurs de l’HMG-CoA réductase, est à ce jour bien décrit, avec notamment un risque de toxicité musculaire ou hépatique. L’observation d’un cas d’épistaxis sous rosuvastatine, à la chronologie très évocatrice, nous a interrogé sur un risque hémorragique. Les monographies françaises des statines ne mentionnent pas de risque de saignement. Il est même précisé dans la monographie française de la simvastatine que celle-ci n’a pas été associée à des saignements ou des modifications du temps de prothrombine chez les patients ne prenant pas d’anticoagulants. Plusieurs études ont rapporté un sur-risque d’hémorragie cérébrale sous statines. Les autres types d’hémorragie survenant sous statines n’ont cependant pas fait l’objet d’une revue systématique de la littérature.
L’objectif de ce travail était donc de décrire les cas de saignements, hors hémorragies cérébrales, impliquant une statine, enregistrés dans la Base nationale de pharmacovigilance (BNPV) et de réaliser une revue systématique de la littérature.
Matériels et méthodes |
Une requête a été effectuée dans la BNPV permettant de croiser les cas de saignements (SMQ hémorragie, au sens large) et les statines (code ATC C10AA). Seuls les cas où la statine était le seul médicament suspecté ont été retenus. Nous avons réalisé une revue systématique de la littérature à partir de la requête MEDLINE (« Hydroxymethylglutaryl-CoA Reductase Inhibitors »[Mesh]) AND « Hemorrhage »[Mesh].
Résultats |
Un total de 67 cas de saignements sous statines a été retenu. Le sex-ratio était de 1,23. Les patients étaient âgés de 18 à 91 ans (âge médian de 60 ans). Les statines concernées étaient dans 24 cas l’atorvastatine, 17 cas la simvastatine, 9 cas la rosuvastatine, 9 cas la pravastatine, 6 cas la fluvastatine et 2 cas la cérivastatine. Les saignements observés étaient : 37 purpuras (12 sans autre détail, 11 purpuras vasculaires, 7 éruptions purpuriques, 5 purpuras thrombopéniques idiopathiques, 2 pétéchies), 9 épistaxis, 7 saignements digestifs (dont 3 rectorragies, 2 saignements gingivaux, 1 saignement oral et 1 sans autre information), 3 hématuries, 3 ecchymoses, 2 hématomes et enfin un cas d’épanchement pleural hémorragique, une hémorragie musculaire, un cas de métrorragie, un cas de pancréatite hémorragique, un cas de saignement pénien, un cas d’hémorragie conjonctivale. Vingt-six cas présentaient un critère de gravité (38,8 %). Parmi les 18 cas où l’information était précisée, une thrombopénie était présente pour 7 cas (38,9 %). Les délais de survenue, mentionnés dans 50 cas, allaient de 1 jour à 10 ans (délai médian de 28jours). Concernant l’évolution des symptômes, celle-ci était décrite dans 63 dossiers : dans 5 cas le traitement était maintenu et une persistance des symptômes était observée dans 4 de ces cas (régression dans le dernier cas). Dans les 58 cas où le traitement était arrêté une persistance des saignements était observée dans 6 d’entre eux. Parmi les 52 cas où une régression des symptômes était observée, 9 cas (16,9 %) de réintroduction positive étaient décrits, un cas de réintroduction négative et 36 cas où la statine n’était pas réintroduite.
La revue de la littérature a recensé 379 références et après exclusion des articles relatifs aux hémorragies cérébrales, 18 articles ont été retenus. Malgré l’absence de sur-risque d’hémorragie digestive dans une analyse post-hoc d’un essai randomisé (OPUS-TIMI 16) qui excluait les patients sous AVK, une grande étude observationnelle américaine a montré une majoration du risque hémorragique sous statine en particulier dans la première année d’initiation des statines. Chez les utilisateurs de warfarine, l’initiation d’une statine inhibitrice du CYP3A4 exposerait à un sur-risque d’hémorragie digestive alors que les utilisateurs de statines depuis plus d’un an présenteraient une diminution du risque d’hémorragie digestive. Un sur-risque d’hématurie a également été décrit dans une analyse post-hoc d’un essai randomisé (JUPITER) chez des patients avec un LDL-cholestérol<30mg/L. Enfin, une diminution du risque de métrorragie a été rapportée dans une cohorte de patientes présentant des fibromes utérins et traitées par statines. Il existe des données discordantes sur les complications hémorragiques postopératoires sous statines.
Conclusion |
La survenue d’un évènement hémorragique sous statine, en particulier lors de son introduction, avec ou sans anticoagulant associé, doit faire évoquer son imputabilité.
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Vol 40 - N° S2
P. A56-A57 - Dicembre 2019 Ritorno al numeroBenvenuto su EM|consulte, il riferimento dei professionisti della salute.
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