Cette étude rétrospective rapporte l’expérience de 35 ans de chirurgie humanitaire en orthopédie pédiatrique réalisée dans des conditions précaires.

L’étude porte sur 78 missions chirurgicales réalisées en République centrafricaine depuis 1983. Les missions se déroulaient dans la capitale et dans une quinzaine de localités où existaient de petits centres de rééducation créés lorsque la poliomyélite antérieure aiguë faisait des ravages. La chirurgie se déroulait dans le centre de santé ou l’hôpital local avec la participation du personnel local, parfois sans électricité, souvent sans radiographie, obligeant à des diagnostics purement cliniques.

Sept mille enfants ont été vus en consultation et 2100 ont été opérés. Les séquelles de poliomyélite, qui représentaient 66 % des consultants entre les années 1983 et 2000, sont devenues peu fréquentes, remplacées par une pathologie variée dans laquelle prédominent les malformations congénitales, les séquelles d’injection intramusculaires, les séquelles de brûlures et les séquelles neurologiques (IMOC, neuropaludisme, intoxication par du manioc non détoxifié).

Le peu de coopération des familles explique que seulement 25 % des enfants opérés aient pu être revus, empêchant toute analyse statistique des résultats. Néanmoins, de nombreuses informations concernant l’évolution postopératoire ont pu être obtenues et permettent une appréciation globale du bien-fondé de ce type de chirurgie humanitaire.