Rhabdomyolyse chez des patients adultes atteints de grippe A : huit observations - 23/11/17
Riassunto |
Introduction |
La rhabdomyolyse correspond à la destruction de cellules musculaires striées. Sa symptomatologie est fonction de la sévérité de l’atteinte musculaire. Biologiquement, elle se traduit par une élévation du taux sérique de créatine phosphokinase (CPK) et peut s’accompagner de désordres électrolytiques et d’insuffisance rénale aiguë. Les virus grippaux sont responsables d’environ 1/3 des rhabdomyolyses d’origine virale [1 ]. Il s’agit rarement de grippes de type A, avec seulement 30 cas rapportés dans la littérature entre 1990 et 2015. L’objectif de cette étude est de décrire les caractéristiques cliniques, biologiques et évolutives d’une série consécutive de cas de rhabdomyolyse chez des patients adultes atteints de grippe A au cours de l’hiver 2016–2017.
Patients et méthodes |
Il s’agit d’une étude rétrospective incluant des patients hospitalisés dans notre service entre décembre 2016 et février 2017, chez lesquels le diagnostic de grippe A a été confirmé par une PCR positive et qui présentaient une élévation des CPK au diagnostic.
Résultats |
Huit patients (5 hommes et 3 femmes) ont été inclus entre décembre 2016 et février 2017. L’âge moyen était de 80 ans [54–95], 7 sur 8 observaient de l’aspirine, un seul un fibrate. L’état vaccinal n’était pas connu chez 7 patients, le dernier cas était non-vacciné. La toux fébrile était constante. Les symptômes musculaires (6 cas) étaient des troubles de la marche, entraînant une chute dans 50 % des cas. Un seul patient était authentiquement déficitaire au niveau proximal des membres inférieurs. Un syndrome inflammatoire biologique était constant, avec une CRP entre 32 et 326mg/L à l’entrée. L’élévation des CPK se situait entre 334 et 11 373 UI/L (n<308), d’intensité indépendante des traitements observés et plus marqués chez 3/4 des patients chuteurs. Le patient déficitaire avait le taux de CPK le plus élevé. Une insuffisance rénale aiguë (DFG inférieur à 50mL/min) à diurèse conservée était observée chez 6 patients, dont trois avec un DFG inférieur à 40mL/min, tous normokaliémiques. Tous les patients avaient une PCR grippe A positive. Une antigénurie pneumocoque était positive dans 1 cas. Cinq patients ont été traités par oseltamivir pendant 5jours. Cinq patients ont bénéficié d’un traitement antibiotique associé d’une durée de 5 à 14jours. Nous avons observé une décroissance de la CRP synchrone de la décroissance du taux de CPK et de la récupération du niveau antérieur de fonction rénale chez 7 patients, après une durée moyenne de 9,3jours [3–15]. Il n’était pas constaté de corrélation entre la variation des taux de CRP et de CPK, et la prise d’oseltamivir. L’évolution a été favorable chez les 8 patients, avec une durée moyenne d’hospitalisation de 12,8jours [3–20], plus longue chez les patients chuteurs (4 à 15jours vs 3 à 4jours chez les non chuteurs).
Discussion |
Depuis 2009, 14 cas de rhabdomyolyse imputables à la grippe A (majoritairement de sérotype H1N1) peuvent être analysés dans la littérature, d’âge moyen 24 ans, sans prédominance de genre, avec seulement 2 patients/12 immunodéprimés et le rôle parfois favorisant des traitements antérieurs de type statines, fibrates, salicylés et corticostéroïdes, ce qui n’est pas le cas dans notre série. L’atteinte peut être infraclinique (myolyse biologique isolée dans 2/3 des cas d’une série) [2 ]. Les symptômes les plus fréquents sont les myalgies et la fatigabilité musculaire. L’élévation du taux de CPK est variable [1317–1127000UI/l]. Elle est considérée comme un biomarqueur de la sévérité de la grippe, et bien corrélée avec la gravité de l’insuffisance rénale aiguë et de l’atteinte pulmonaire, ainsi que la durée de la ventilation mécanique en réanimation [2 ]. Le niveau modéré du taux de CPK dans notre série, en dépit d’un âge moyen nettement plus élevé que dans la littérature, peut rendre compte de l’évolution constamment et rapidement favorable. Les hypothèses physiopathogéniques restent discutées entre myosite virale invasive lors de la virémie grippale et action directe des toxines virales circulantes sur le muscle. De récentes études in vitro plaident en défaveur de l’hypothèse d’une réaction immunologique de type « orage cytokinique » à tropisme musculaire [3 ].
Conclusion |
La rhabdomyolyse est donc fréquente et inconstamment symptomatique au cours des grippes A. Elle doit être recherchée lors de la suspicion de grippe par un dosage de CPK, biomarqueur de la sévérité de l’infection. Dans notre série, la précocité du recours à l’oseltamivir n’apparaît pas influer sur la cinétique décroissante des CPK.
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Vol 38 - N° S2
P. A139 - Dicembre 2017 Ritorno al numeroBenvenuto su EM|consulte, il riferimento dei professionisti della salute.
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