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Bichlorure de mercure par voie nasale en intention suicidaire : à propos d’un cas - 22/04/17

Doi : 10.1016/j.toxac.2017.03.098 
F. Jégou 1, , N. Lele 3, P. Paris 3, N. Djebrani-Oussedik 4, G. Drevin 2, A. Toure 1, D. Boels 1, M. Deguigne 1, G. Le Roux 1, B. Lelièvre 2
1 Centre antipoison-toxicovigilance, CHU, Angers, France 
2 Laboratoire de pharmacologie-toxicologie, CHU, Angers, France 
3 Service de psychiatrie, CH, Dreux, France 
4 Laboratoire de pharmacologie-toxicologie, hôpital Lariboisière, Paris, France 

Auteur correspondant.

Riassunto

Objectif

Décrire une intoxication peu fréquente secondaire à un « sniff » de sel inorganique de mercure. Les expositions à ces sels sont bien connues, mais plutôt par ingestion ou injection. Le tableau clinique peut être dramatique avec des troubles digestifs hémorragiques, suivis d’un état de choc et d’une anurie par nécrose tubulaire [1].

Description du cas

Dans un but suicidaire, un patient inhale la poudre d’un vieux flacon de « bichlorure de mercure ». À l’admission, il présente une irritation oropharyngée, un œdème palpébral et des ulcérations de la cloison nasale, mais la fonction rénale est normale. Des prélèvements sanguins et urinaires ont été effectués à son admission et quatre mois plus tard pour effectuer le dosage du mercure. L’évolution a été favorable, le patient est resté asymptomatique par la suite jusqu’à la fin du suivi, 4 mois après l’exposition.

Méthode

Le dosage de mercure est effectué par ICP-MS (premier dosage effectué à l’hôpital Lariboisière et deuxième au CHU d’Angers). Pour le deuxième dosage, après une pré-dilution avec du triton 0,2 %, l’échantillon est dilué avec une solution contenant 0,5 % d’acide nitrique et l’étalon interne (Rhénium).

Résultats

Lors du premier dosage, la concentration plasmatique du mercure était de 1326,8μg/L et sa concentration urinaire de 729,2μg/g créatinine. Les concentrations mesurées dans les seconds prélèvements étaient de 4,8μg/L dans le sang et 23,9μg/g créatinine dans l’urine. Dans la population générale, la concentration en mercure sanguin total est inférieure à 10μg/L [3] et doit être inférieure à 25μg/L chez les personnes exposées professionnellement [2] (valeur fin de poste et fin de semaine). Dans le cas présent, l’intoxication au mercure est confirmée par les dosages. Plusieurs arguments sont en faveur du bichlorure de mercure. Ce dernier est connu pour ses propriétés irritantes voire corrosives, mais également pour être à l’origine de lésions rénales. La concentration sanguine élevée peut probablement s’expliquer par une absorption importante par la muqueuse nasale [3]. Ce sel traverse difficilement la barrière hémato-encéphalique, ce qui pourrait expliquer l’absence de signes neurologiques chez ce patient. Le patient a surtout présenté des atteintes locales, mais pas d’atteinte viscérale. Par contre, en dehors de son activité de plombier-chauffagiste, il n’y avait pas d’information disponible sur une exposition professionnelle antérieure ou sur la consommation de poissons.

Conclusion

Il s’agit donc d’un cas original d’exposition nasale à un sel inorganique de mercure chez un patient qui a présenté essentiellement des signes locaux sans atteinte viscérale, alors que les dosages sanguins et urinaires étaient élevés.

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