Bien que la douleur associée à la symptomatologie fonctionnelle digestive, aiguë ou chronique, soit une affection décrite comme fréquente, il n'existe en France que peu de données scientifiquement valides sur les caractéristiques et les modalités de sa prise en charge. Une enquête épidémiologique transversale nationale a été menée afin de décrire le profil et la symptomatologie des patients consultant pour douleurs fonctionnelles digestives ainsi que leur prise en charge en médecine générale.

Deux questionnaires ont été utilisés pour rassembler des informations sur le médecin-investigateur d'une part, et sur le patient, sa pathologie et sa prise en charge d'autre part. La douleur était évaluée par les patients à l'aide d'une échelle visuelle analogique standardisée.

Pour cette enquête, 2 337 médecins participants ont recruté 5 696 patients d'âge moyen 50,4 ± 17,1 ans, majoritairement de sexe féminin (65,7 %) ; 69 % consultaient pour douleur digestive (chronique pour près de 40 % des patients, aiguë pour 32,5 %).

Les douleurs étaient diffuses ou mal localisées dans 53,1 % des cas ; le siège habituel des douleurs se situait pour 31,4 % des patients dans l'épigastre. Un fond douloureux chronique se retrouvait en plus forte proportion chez les patients de plus de 50 ans (p < 0.005), en particulier chez les femmes (p < 0.01). La population se plaignant d'une douleur aiguë sur fond continu, avec une localisation variable, ou d'une une douleur digestive aiguë et isolée était plus particulièrement constituée de patients dans la tranche d'âge de 30-49 ans (p < 0.005).

Pour la majorité des patients l'intensité de la douleur, habituelle ou pendant la consultation, était estimée comme moyenne. Quand celle-ci est localisée, son intensité est élevée et les troubles fonctionnels les plus fréquemment associés sont le pyrosis, les brûlures épigastriques et le ténesme (p < 0.005). Quand elles sont localisées à l'hypochondre gauche, les douleurs sont associées de façon plus fréquente avec des « sensations de ballonnement/gaz/constipation » (p < 0.005) ; localisées à l'épigastre, elles sont davantage associées avec « mauvaise digestion/ballonnements » (p < 0.005).

Un traitement à base d'anti-spasmodique/anti-cholinergique/gastroprokinétique et la prescription d'une coloscopie étaient les deux éléments de prise en charge les plus fréquemment retrouvés.

Despite the high prevalence of chronic or acute pain associated with digestive functional symptoms, few information is available in France concerning the management of these troubles. The present national epidemiological survey was aimed at describing the profile of patients with such symptoms and the management of this disease in general practice.

Two questionnaires were completed by the participating investigators in order to provide information on their own clinical practice when managing digestive pains, and to document patients'demographic and clinical characteristics. A standardized visual analog scale was utilized by the patients for the assessment of their pain severity.

Two thousand three hundred and thirty seven general practitioners participated in the study; the 5696 included patients (66% females) were 50.4 ± 17.1 years-old ; 69% were visiting due to the occurrence of digestive pain (chronic pain for 40%, acute pain for 32.5%).

In 53% of the patients the pain was diffused or not localized ; for 31% the pain was generally located in the epigastrium. Chronic pain was majoritarily (p < 0.005) reported by older patients (> 50 years), more often by women (p < 0.01). Acute digestive pains, isolated or with variying localization were more frequently reported by patients aged 30 to 49 years (p < 0.005).

For most patients, the pain severity was evaluated as medium. When localized the pain severity appears high and the more frequently associated functional troubles are pyrosis, epigastric burn sensation and tenesmus (p < 0.005). When located in the left hypochondrium, the pain is more frequently associated with "meteorism/wind/constipation" sensations (p < 0.005); when located in the epigastrium, it is reported to be more frequently associated with "bad digestion/meteorism" sensations (p < 0.005).

An antispasmodic/anticholinergic/gastroprokinetic-based therapy as pharmacological treatment and colonoscopy as complementary investigation were the most frequently precribed for the management of digestive pains.