L’oncologue est quotidiennement confronté à des questions relatives au fait que pour chaque patient, l’évolution du cancer est spécifique : il est interpellé par des évolutions très variables, inattendues et souvent imprévisibles chez ses malades. L’approche mathématique aujourd’hui utilisée pour décrire cette évolution est probabiliste : elle ne s’applique finalement pas à un malade spécifique, mais à une certaine population plus ou moins hétérogène. Une telle approche caractérise donc mal la dynamique de cette maladie et ne permet pas de dire qu’un patient est guéri, de prévoir s’il y aura rechute et quand elle surviendra, ni de prévoir la réponse aux traitements et notamment à la radiothérapie. La théorie du chaos, peu connue des oncologues, pourrait pourtant permettre de mieux appréhender ces questions. Développée pour appréhender les systèmes complexes dont les comportements ne peuvent être prédits à long terme en raison de leur grande sensibilité aux conditions initiales, la théorie du chaos est riche de concepts propices à une nouvelle appréhension de la dynamique du cancer. Cet article est à la fois une rapide introduction à la théorie du chaos, une mise au point des connexions possibles entre chaos et cancérogénèse, et une mise en avant de directions de recherche prometteuses, notamment en radiothérapie.

The oncologist is confronted daily by questions related to the fact that any patient presents a specific evolution for his cancer: he is challenged by very different, unexpected and often unpredictable outcomes, in some of his patients. The mathematical approach used today to describe this evolution has recourse to statistics and probability laws: such an approach does not ultimately apply to one particular patient, but to a given more or less heterogeneous population. This approach therefore poorly characterizes the dynamics of this disease and does not allow to state whether a patient is cured, to predict if he will relapse and when this could occur, and in what form, nor to predict the response to treatment and, in particular, to radiation therapy. Chaos theory, not well known by oncologists, could allow a better understanding of these issues. Developed to investigate complex systems producing behaviours that cannot be predicted due to a great sensitivity to initial conditions, chaos theory is rich of suitable concepts for a new approach of cancer dynamics. This article is three-fold: to provide a brief introduction to chaos theory, to clarify the main connecting points between chaos and carcinogenesis and to point out few promising research perspectives, especially in radiotherapy.