La présence des familles dans les services d’hospitalisation accueillant des patients en fin de vie soulève souvent interrogations et difficultés. Ce constat nous a amenés à interroger la place des familles dans ces services et ce que pourrait être la famille « idéale » pour les soignants. Nous avons fait l’hypothèse que la place faite aux familles peut être comprise comme une injonction paradoxale et que cela peut apporter un élément de compréhension aux difficultés de communication entre familles et soignants. Sur la base de la théorie métapsychologique de l’injonction paradoxale, nous avons analysé des entretiens semi-directifs menés auprès de trois catégories de soignants. Nous pouvons retrouver dans ces discours le caractère paradoxal de la place à laquelle sont convoquées les familles. Mais, plus que dans les discours eux-mêmes, cette injonction paradoxale doit être lue à la lumière du fonctionnement institutionnel dans lequel ils sont pris. En effet, l’institution n’autorise que deux places : soignant et patient. Les soignants appellent alors alternativement les familles à l’une ou l’autre de ces places, tout en leur signifiant que l’accès leur en est impossible. Les familles se retrouvent ainsi face à une double contrainte : celle de ne pas avoir de place définie dans l’institution hospitalière, tout en ayant le devoir d’en tenir une. Il semblerait fondamental d’initier une réflexion au sein de chaque équipe autour de cette question : comment prend-on en charge les familles, quelle place est-on prêt à leur accorder ?

Family presence in end-of-life inpatient units often raises questionings and difficulties. In the light of these observations, we aimed at better understanding the place of the families within these units and what an “ideal” family for caregivers would be. Our assumption is that the place made for the families could be understood as a paradoxical injunction, and explaining to some extent communication difficulties between families and caregivers. On the basis of the metapsychological theory of paradoxical injunction, three categories of caregiver interviews were analysed. We found in these reports the paradoxical nature of the position the families are waited. But, beyond these reports, this paradoxical injunction must be read in the light of the institution in which they were recorded. Indeed, the institution allows only two places: caregiver or patient. Caregivers alternatively summon the families at either one or the other of the two places, while notifying them that the access to these positions is impossible. The families are thus faced with a double constraint: not to have a defined place within the hospital institution while having the duty to hold one. Each team has to face the following major topic: how do we manage the families, and which place do we accept to spare for them?