Les urgences neuro-ophtalmologiques représentent un réel défi diagnostique. Les signes d'appel peuvent paraître anodins chez des patients qui semblent par ailleurs bien portants. Par exemple, un ptosis de quelques millimètres peut être le premier signe d'une dissection carotidienne qui peut évoluer vers un accident vasculaire cérébral constitué. L'orientation dès la première consultation vers la structure adéquate est donc essentielle pour la sécurité du patient. Une bonne collaboration entre urgentistes, neurologues, neuroradiologues et ophtalmologistes permet de faire un diagnostic rapide. Les baisses d'acuité visuelle unilatérales nécessitent une consultation en urgence chez l'ophtalmologiste car c'est l'examen oculaire détaillé qui permet le diagnostic étiologique. Lorsque la baisse d'acuité est bilatérale et de début brutal, il s'agit presque toujours d'une atteinte bilatérale des voies visuelles intracrâniennes. La structure la mieux adaptée est alors une unité d'urgence ou une unité neurovasculaire. Les oedèmes papillaires bilatéraux révèlent parfois une hypertension intracrânienne et sont mieux évalués aux urgences par une imagerie par résonance magnétique cérébrale et parfois une ponction lombaire. De même une diplopie ou un ptosis associés à une anisocorie doivent faire réaliser une imagerie cérébrale en urgence pour éliminer un anévrisme intracrânien, une apoplexie hypophysaire ou une dissection cervicale. Les douleurs oculaires et périoculaires isolées doivent d'abord être adressées à l'ophtalmologiste, surtout si l'oeil est rouge. Mais en cas d'examen oculaire normal, c'est le neurologue qui est le plus qualifié pour évaluer une douleur projetée à la région orbitaire. Enfin, les exophtalmies sont d'abord vues par l'ophtalmologiste qui peut retrouver des signes de maladie de Basedow, une inflammation oculaire, et rechercher des signes de mauvaise tolérance oculaire.