Les relations entre syndrome métabolique et gonarthrose sont bien connues, toutefois celles entre l’hypercholestérolémie et l’évolution de la gonarthrose le sont moins. Les statines sont des médicaments largement utilisés pour le traitement des dyslipidémies ; les données de la littérature sur ces derniers sont très contrastées ; certaines études les prônent tandis que d’autres parlent d’effets pléiotropes plutôt délétères. L’objectif de notre étude était de rechercher d’éventuels effets bénéfiques des statines sur la gonarthrose.

Il s’agit d’une étude transversale descriptive et analytique entre janvier 2018 et janvier 2024 incluant les patients suivis dans notre formation pour gonarthrose stade 2 et 3 confirmée sur radiographie standard, sous traitement symptomatique seul. Nous les avons divisés en 2 groupes : groupe d’étude G1 (patients sous statines) et le groupe de contrôle G0 (patients naïfs de statines). Nous avons exclu les patients ayant reçu des infiltrations par acide hyaluronique et/ou PRP, les patients au stade de chirurgie prothétique, les patients souffrant de rhumatismes inflammatoires chroniques, les patients mal observants de statines et les patients perdus de vue. Une amélioration clinique du patient était le principal critère de jugement. L’analyse statistique a été menée, avec un seuil de signification p fixé à 0,05.

465 patients étaient inclus dans notre étude, le sex-ratio était de 9,7 F/H, l’âge moyen était de 59,3±10,8 ans. L’EVA moyenne était de 5,4±2. Le groupe d’étude G1 était composé de 48 patients soit 10,3 % de l’échantillon. On notait une amélioration clinique de la gonarthrose chez 34 patients du groupe G1 soit 70,8 % du groupe. Le groupe de contrôle G0 était composé de 416 patients soit 89,7 % de l’échantillon. On notait une amélioration clinique de la gonarthrose que chez 47,1 % du groupe G0 soit 196 patients. En analyse bivariée, la prise de statines était significativement associée à l’amélioration de la gonarthrose (p=0,002).

Les patients gonarthrosiques ont certes un risque plus élevé de présenter une dyslipidémie. Néanmoins, nous décelons à travers notre étude que la prise en charge adéquate des dyslipidémies par les statines permettrait non seulement de diminuer le risque cardiovasculaire mais aussi d’améliorer la douleur dans la gonarthrose.