L’hypertension artérielle (HTA) est une comorbidité fréquente chez les patients souffrant d’arthrose. Parmi les médicaments antihypertenseurs, il a été suggéré que les inhibiteurs de l’enzyme de conversion de l’angiotensine (inhibiteurs de l’ECA), les inhibiteurs calciques (CCB), les bloqueurs des récepteurs de l’angiotensine II (ARA-II) et les bêtabloquants (βB) modifient la progression et les symptômes de l’arthrose. Le but de l’étude était de comparer la durée d’efficacité (DE) de la viscosupplémentation (VS) chez les patients atteints de gonarthrose ayant reçu un traitement contre l’HTA à celle des patients non traités.

Analyse post-hoc d’un essai clinique transversal (NCT04988698). Tous les patients gonarthrosiques consécutifs ayant été traités par VS au cours des 3 dernières années ont été inclus. Le critère de jugement principal était la DE, auto-évaluée par les patients en semaines d’efficacité. La relation entre DE et les éléments suivants (données démographiques, durée de la maladie, stade de Kellgren, compartiments impliqués, comorbidités, traitements antérieurs et actuels de l’arthrose, traitements des comorbidités, activité sportive, nombre de VS antérieures) a été étudiée en analyse bivariée puis multivariée.

105 patients (65 femmes, 149 genoux traités) ont été inclus. L’âge médian et l’IMC étaient respectivement de 66 ans et 27,5kg/m² ; 38 % des patients recevaient au moins un antihypertenseur (nombre médian de molécules antihypertensives 2 (1 à 4). La DE moyenne était de 48,2+24,8 semaines. En analyse bivariée, la DE était significativement plus longue chez les sujets avec : IMC<27,5kg/m² (p=0,002), stade de Kellgren<4 (p=0,008), sujets actifs vs sédentaires (p=0,005), atteinte unicompartimentale (p=0,01), pincement fémoro-tibial médial (p=0,046) et nombre de VS antérieures<4. La DE moyenne était de 53,1±31,3 semaines chez les patients traités pour HTA vs 45,4±19,8 chez ceux qui ne l’étaient pas (p=0,06). Or les patients hypertendus avaient un IMC plus élevé (29,8 vs 25,2 ; p=0,001) et étaient moins actifs (p=0,07). En analyse multivariée, l’HTA était fortement corrélée à une DE plus longue (p<0,001). Il y avait une tendance à une DE plus longue chez les patients traités par βB (52 vs 46,5 semaines ; p=0,28) et par ARAII (54,2 vs 42,9 semaines ; p=0,22), mais ni par CCB (46 vs 48 semaines) ni inhibiteurs de l’ECA (46 vs 48 semaines). Les autres facteurs indépendamment liés à une DE plus longue étaient un IMC<27,5kg/m² (p<0,001, une arthrose unicompartimentale (p=0,02), moins de 4 VS précédentes (p=0,02), des patients actifs (p=0,027).

La présente étude suggère que les médicaments antihypertenseurs pourraient augmenter la durée d’efficacité de la VS chez les patients souffrant d’arthrose du genou. Le nombre limité de sujets ne permet pas d’identifier une classe d’antihypertenseurs plus efficace. Une tendance se dégage en faveur d’un effet bénéfique des βB et des ARAII. Des études complémentaires à grande échelle, spécialement conçues à cet effet, sont nécessaires pour confirmer ou infirmer ces résultats.