L’arthrose (OA) et les maladies cardiovasculaires partagent des facteurs de risque commun et l’impact de l’OA sur le risque cardiovasculaire, et en particulier cérébrovasculaire, est encore débattu, certaines études suggérant un rôle causal direct de l’OA dans la survenue d’événement cardiovasculaire. Les mécanismes sous-jacents ne sont pas encore pleinement identifiés. Notre objectif était d’évaluer l’association entre l’OA et le risque d’événements cardiovasculaires ou cérébrovasculaires dans une cohorte d’hommes âgés suivis prospectivement pendant 8 ans.

L’étude STRAMBO a impliqué des hommes âgés de 60 à 87 ans. Nous avons examiné la relation entre la présence d’une prothèse pour arthrose à baseline et les événements cardiovasculaires incidents. Les événements cardio- et cérébrovasculaires indésirables (MACCE) ont été définis comme la survenue d’un syndrome coronarien aigu (SCA) incluant l’infarctus du myocarde, l’arrêt cardiaque et l’angor instable nécessitant une intervention d’urgence, un AVC ou une mort subite probablement d’origine cardiovasculaire. Les événements étaient auto-déclarés puis confirmés par un professionnel de santé. L’association entre l’OA et le risque d’événement cardiovasculaire a été évaluée à l’aide d’un modèle de Cox ajusté pour l’âge, l’IMC, l’activité physique professionnelle, le tabagisme, les antécédents d’infarctus du myocarde, l’hypertension, la présence de calcifications aortiques abdominales, le traitement par statines et le traitement par antagonistes de la vitamine K.

L’âge moyen et l’IMC des 816 hommes inclus étaient respectivement de 72 ans et 27,6kg/m². Parmi eux, 49 hommes étaient à baseline porteur d’une prothèse pour OA (18 genoux, 30 hanches, 6 épaules, 6 hommes ayant 2 prothèses). Les hommes porteurs de prothèse étaient plus âgés (76,6 vs 71,8 ans, p<0,001) et avaient un IMC plus important que les contrôles (29,6 vs 27,5kg/m², p<0,001). Ils ont plus souvent déclaré une activité physique professionnelle élevée, des antécédents d’infarctus du myocarde, de diabète. En revanche, la prévalence des antécédents d’AVC n’était pas différente entre les groupes. Pendant le suivi, 90 hommes ont présenté un MACCE incident, avec un temps médian [intervalle interquartile] de suivi jusqu’à l’événement de 51,6 mois [27,5 ; 71,0]. Les hommes ayant subi un MACCE incident étaient au départ plus âgés (75,2 vs 71,8 ans, p<0,01). Ils ont plus souvent rapporté une activité physique professionnelle élevée, des antécédents d’infarctus du myocarde, un diabète (significatif après ajustement pour l’âge). En revanche, la prévalence d’un antécédent d’AVC à baseline n’était pas différente entre les patients qui ont présenté un MACCE au cours du suivi et ceux qui n’en ont pas présenté. Le risque de MACCE chez les hommes avec prothèse était plus élevé par rapport aux témoins (HR=3,12, IC95 % 1,74–5,58, p<0,001). En particulier, les hommes avec OA avaient un risque accru d’AVC (n=38) avec un HR de 4,94 (IC95 % : 1,96 ; 12,42, p<0,001) et un temps médian de suivi jusqu’à l’événement de 51,0 mois [23,3 ; 72,9]. Nous n’avons pas observé de telle association pour le SCA (n=50, HR=1,30, IC95 % : 0,49 ; 3,40, p=0,60) ou pour l’infarctus du myocarde (n=29, HR=1,35, IC95 % : 0,39 ; 4,68, p=0,64).

L’arthrose sévère, définie par la pose d’une prothèse est associée à un risque plus élevé d’AVC dans une cohorte d’hommes suivie de manière prospective, après ajustement pour les facteurs de confusion pertinents. Prenant en compte ce résultat, une évaluation du risque cérébrovasculaire pourrait être envisagée dans la gestion des patients avec arthrose sévère.