Les lunettes connectées (LC), dispositifs de réalité augmentée, sont des « ordinateurs portés sur la tête qui offrent un affichage devant les yeux et permettent de voir à travers ». Du point de vue de la prévention des risques professionnels, cette technologie émergente soulève des interrogations. Afin d’y répondre, l’INRS a réalisé une étude dont l’objectif était d’évaluer la perturbation du déplacement à pied des utilisateurs en milieu professionnel ainsi que l’impact potentiel ressenti sur leur santé.

Pour cela, une expérimentation en laboratoire a été menée auprès de 80 participants répartis dans 4 groupes correspondant à 4 modèles différents de LC (trois modèles monoculaires et un modèle binoculaire). Les participants étaient invités à se déplacer sur deux types de parcours (un parcours rectiligne et un parcours sinueux) tout en répondant à des exercices de différents niveaux de difficulté (exercices « faciles » vs exercices « difficiles ») qui leurs étaient envoyés dans les LC.

Les paramètres de la marche (longueur de pas, temps de parcours et trajectoire) ont été comparés avec et sans port des LC, ainsi qu’en fonction des modèles de LC et du niveau de difficulté des exercices à traiter. À la suite de l’expérimentation, le ressenti des utilisateurs sur leur santé perçue a été recueilli au travers de questionnaires et entretiens.

L’expérimentation s’est déroulée dans un environnement contrôlé et sécurisé, et pourtant, les résultats ont souligné que, quels que soient le parcours et le type de LC, plus l’exercice à traiter est difficile, plus les paramètres de la marche sont dégradés avec un temps de parcours plus long, des longueurs de pas plus courtes et une variabilité des trajectoires plus importante. Les résultats ont également montré que l’utilisation des LC a des conséquences sur la santé des utilisateurs. On note une apparition de maux de tête, une fatigue générale et une fatigue visuelle avec trouble de la vision et douleur aux yeux. Des symptômes liés au port des LC, tels que des douleurs au niveau du nez, des oreilles, et du front sont également constatés.

La qualité du déplacement étant dégradée, elle engendre une augmentation du risque de chutes de plain-pied et de collision. Il est donc déconseillé de regarder l’écran des LC et d’interagir avec d’éventuelles informations affichées dans les LC en marchant. De plus, une attention particulière doit être portée sur la familiarisation à cette technologie, aux consignes de sécurité ainsi qu’aux retours d’expérience des utilisateurs. Un suivi médical doit être assuré pour ceux qui présenteraient des symptômes.