Étude rétrospective des cas de toxicologie médico-légale et de produits de saisie impliquant des NPS de 2019 à 2023 en France.

Le dépistage des NPS dans les échantillons sanguins a été effectué après extraction liquide-liquide par LC-HRMS et les quantifications par LC-MS/MS. Les analyses des produits de saisie ont été effectuées par GC-MS et UPLC-DAD.

Sur un total de 12 241 analyses sanguines effectuées de 2019 à 2023, 0,5 % (n=58) étaient positives à au moins un NPS. On observe une nette augmentation de cas impliquant la présence d’un ou plusieurs NPS (0,1 % (n=2) en 2019 ; 0,3 % (n=8) en 2020 ; 0,5 % (n=12) en 2021 ; 0,6 % (n=16) en 2022 et 0,8 % (n=20) en 2023), augmentant en moyenne d’un facteur 2 d’année en année. Une diversification des NPS est observée, en 2019 la 3-MMC était le seul NPS identifié contre 12 molécules différentes en 2023, dont une majorité de cathinones telles que l’alpha-PHP (n=5), la 3-MMC (n=4), la 2-MMC (n=4), la 3-CMC (n=3).

Dans 88 % des cas, les individus étaient des polyconsommateurs avérés. Les types de produits co-consommés varient peu en fonction des années. Sur 5 ans, on retrouve principalement des mélanges de NPS et d’amphétaminiques (16 %), de benzodiazépines (13 %, n=13), de cocaïne (12 %, n=12), d’antidépresseurs (12 %, n=12) ou de GHB (11 %, n=11). La prise concomitante de plusieurs NPS est en augmentation : 0 % des cas en 2019 et 2020, 18 % (n=2) en 2021, 29 % (n=5) en 2022 et 50 % (n=10) en 2023 avec un maximum observé de co-consommation de 4 NPS. Dans 16 % (n=8) des cas de polyconsommations, un contexte « chemsex » était avéré.

Concernant les produits de saisie, sur un total de 6993 échantillons, 7 % (n=561) contenaient un ou plusieurs NPS. On note une augmentation significative de la présence des NPS dans les produits de saisi (1 % (n=8) en 2019 ; 7 % (n=62) en 2020 ; 8 % (n=135) en 2021 ; 6 % (n=103) en 2022 et 15 % (n=253) en 2023). Au cours des années, la diversité des NPS ne cesse d’augmenter. La 3-MMC était le NPS principalement retrouvé de 2019 à 2020 (respectivement 44 % (n=4) et 60 % (n=39) du total des NPS identifiés). En 2023, plus de 30 molécules différentes classées comme NPS ont été identifiées, dont la plus courante était la 3-CMC (42 %, n=117), suivi de la 2-MMC (21 %, n=58) et de la 3-MMC (10 %, n=27).

La consommation de NPS semble en forte augmentation dans la population générale. Ces molécules présentent divers avantages comme des prix bas, des ventes en ligne et leurs règlementations ambiguës, qui ne classe pas l’intégralité des NPS comme stupéfiants.

L’augmentation des intoxications et des décès liés aux NPS entraînent des défis analytiques de taille, au vu de la diversité de leurs structures, des faibles concentrations nécessaires pour obtenir des effets psychotropes et de la difficulté à se procurer les substances de référence.

Les NPS les plus consommés et saisis sont les cathinones, principalement ceux des familles MMC et CMC. Il existe une diversification croissante des types de NPS identifiés dans les produits de saisie et dans les cas de toxicologie post mortem. En 5 ans, 59 molécules différentes classées comme NPS ont été identifiées dans les produits de saisie et 20 molécules dans les analyses toxicologiques sanguines.

Les habitudes de consommation semblent, elles aussi, évoluer. Les cas de polyconsommation sont de plus en plus courants et l’habitude la plus récente semble être la polyconsommation de NPS de familles différentes.

Ces habitudes de consommation à risques, comme la consommation de nouveaux NPS aux effets encore peu connus ou leur mélange avec d’autres NPS/substances psychoactives est un réel enjeu de santé publique.