À propos d’un cas d’intoxication à l’étonitazépipne : métabolisme et concentration sanguine post-mortem - 17/05/24
Resumen |
Objectifs |
Dès le renforcement de la législation sur les analogues du fentanyl aux États-Unis et en Chine en 2019, de nouvelles familles d’agonistes aux récepteurs opiacés ont fait leur apparition sur le marché des nouvelles drogues de synthèse. C’est le cas des nitazènes qui peuvent présenter une puissance analgésique mille fois supérieure à celle de la morphine et qui ont déjà été impliqués dans de nombreuses intoxications en Europe et en Amérique du Nord [Montanari E. et al. Ther Drug Monit 2022;44:494–510]. Considérant la faible concentration des nitazènes dans les matrices biologiques et leur important degré de métabolisation, la détection des métabolites est souvent le seul moyen de prouver une consommation.
L’étonitazépipne présente une puissance pharmacologique similaire à celle du fentanyl et a été détecté pour la première fois sur le marché de la drogue fin 2021. Nous rapportons le premier cas d’intoxication mortelle impliquant ce nitazène en Allemagne (février 2022). L’étonitazépipne a été quantifié dans le sang fémoral de la victime prélevé à l’autopsie et ses métabolites ont été identifiés dans l’urine et dans des incubations de microsomes hépatiques humains pour déterminer les biomarqueurs spécifiques de consommation.
Méthode |
L’étonitazépipne a été quantifié dans le sang par la méthode des ajouts dosés [Hasegawa K. et al. Forensic Toxicol 2021;39:311–333] après extraction liquide-liquide. Les analyses ont été réalisées par LC (Nexera-X2 LC-30AD, Shimadzu) avec une colonne greffée pentafluorophénylpropyle, et ESI(+)-MS/MS (QTRAP-5500, Sciex) en mode MRM.
Pour étudier le métabolisme de phase I de l’étonitazépipne, la substance a été incubée avec un pool de microsomes hépatiques humains durant 2h dans un tampon phosphate à 0,5mol/L et un système de régénération du NADPH. Après extraction liquide-liquide, les incubats ont été analysés par LC (UltiMate 3000, Dionex) avec une colonne greffée biphényle, et ESI(±)-HRMS/MS (Q Exactive, Thermo Scientific) en mode full-scan MS et data-dependent MS/MS avec une liste d’inclusion prioritaire composée de métabolites prédits in silico (GLORYx, Université d’Hambourg, Allemagne). La recherche et l’identification des métabolites ont été réalisées à l’aide du logiciel Compound Discoverer (Thermo Scientific) selon un protocole préétabli [Di Trana A. et al. Talanta 2021;235:122740]. L’urine prélevée à l’autopsie a été analysée dans les mêmes conditions avec ou sans hydrolyse (β-glucuronidase).
Résultats |
La concentration sanguine de l’étonitazépipne était de 8,3ng/mL. La répétabilité intra- et inter-jour des mesures était de 5,6 et 4,9 %, respectivement, pour un coefficient d’extraction de 85 % et un effet matrice de +30 %. Les limites de détection et de quantification étaient de 0,1 et 0,5ng/mL, respectivement.
Dix-neuf métabolites ont été identifiés dans les incubats, parmi lesquels onze ont été détectés dans l’échantillon d’urine ; quatre métabolites additionnels dont trois métabolites de phase II ont été identifiés dans l’urine. Les principales transformations métaboliques étaient l’hydroxylation, l’oxydation et l’ouverture du cycle pipéridine sur un acide pentanoïque, et la O-désalkylation du groupement éthoxy. Les réactions secondaires incluaient l’hydroxylation et l’oxydation du noyau benzimidazole ou du groupement ethoxyphényle, la réduction du groupement nitro et la glucuronidation des groupements hydroxyles.
Conclusion |
Considérant l’absence de données sur les concentrations toxiques/léthales de l’étonitazépipne et son activité in vitro, similaire à celle du fentanyl, la cause de la mort a été attribuée à la toxicité de l’étonitazépipne (Toxicological Significant Score de 3 [Elliott S. et al. Drug Test Anal 2018;10:120–126]). Les principaux biomarqueurs urinaires de la consommation de l’opioïde sont l’acide pentanoïque de l’étonitazépipne (non identifié dans un précédent cas positif à l’étonitazépipne [Vandeputte M. et al. Arch Toxicol 2022;96:1865–1880]), l’O-déséthyl-étonitazépipne, et l’hydroxy-O-déséthyl-étonitazépipne après hydrolyse des glucuronides, le signal LC-HRMS du parent étant au moins cinq fois inférieur à celui des trois métabolites dans le cas présenté.
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Vol 36 - N° 2S
P. S35 - juin 2024 Regresar al númeroBienvenido a EM-consulte, la referencia de los profesionales de la salud.
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