Les interférons (IFN) de type I jouent un rôle important dans l’immunité protectrice contre le SARS-CoV-2. La présence d’auto-anticorps (auto-Ac) neutralisant les IFN de type I est significativement associée à des atteintes de COVID-19 critiques ou sévères. Nous avons cherché à évaluer la prévalence et l’impact clinique des auto-Ac anti IFN de type I et du tocilizumab en Seine-Saint-Denis sur le pronostic des patients.

Nous avons testé la présence d’auto-Ac neutralisants contre les IFN de type I chez des patients préalablement identifiés pour une pneumonie sévère au COVID-19 hospitalisés au printemps 2020 dans les services de médecine de l’hôpital Robert Ballanger d’Aulnay sous-bois. Il s’agissait d’une cohorte comprenant tous les patients hospitalisés entre début mars et fin avril 2020 ayant nécessité 6 litres ou plus d’oxygène pour une infection SARS CoV-2. Au sein de cette cohorte, les patients ayant encore des prélèvements sériques disponibles en sérothèque ont été testés pour rechercher les auto-Ac et nous avons étudié en parallèle leurs caractéristiques cliniques et pronostiques.

Parmi les 246 patients, seuls 139 avaient encore un prélèvement sérique disponible en sérothèque lors de la réalisation de l’étude. Nous avons trouvé des auto-anticorps circulants présentant une activité neutralisante vis-à-vis des IFN de type I chez 7,9 % des patients (11 sur 139). La présence d’auto-Ac neutralisants était associée à un risque accru de mortalité et ces auto-Ac ont été détectés chez 21 % des patients décédés d’une pneumonie au COVID-19. La technique Gyros a trouvé que 107/139 (77 %) des patients présentaient des anticorps anti IFN. Cette méthode n’était donc pas performante pour identifier une activité neutralisante des anticorps. Un kit ELISA commercial a également été évalué pour la détection des auto-Ac anti-IFN-alpha et des titres élevés d’anticorps par cette technique étaient bien corrélés à l’activité neutralisante. De façon intéressante, le taux de mortalité parmi les patients présentant des auto-Ac est de 100 % (5/5) chez les patients n’ayant pas reçu de tocilizumab versus 17 % 1/6) chez les patients traités par tocilizumab (p<0,001). Parmi les 128 patients n’ayant pas d’anticorps neutralisants, le taux de mortalité entre les patients traités par tocilizumab 16 % (12/74) versus ceux non traités 20 % (11/54) ne présentait pas de différence significative (p=0,64).

Ces résultats confirment l’importance de la voie IFN-I dans la défense contre l’infection par le SARS-CoV-2. La détection des auto-Ac neutralisants contre les IFN de type I est associée à une plus grande mortalité. Le tocilizumab pourrait avoir une efficacité chez ces patients. Ces résultats nécessitent néanmoins d’être confirmés sur des échantillons de patients plus importants.