Les intoxications médicamenteuses aiguës sont l'une des causes les plus fréquentes d'hospitalisation en urgence. La dichotomie académique qui opposait l'intoxication accidentelle au suicide est remplacée par des notions plus réalistes : suicide, surdose sans volonté de mort, interaction médicamenteuse, effet secondaire, intoxication accidentelle, intoxications hétéro-infligées. Le nombre d'intoxications graves augmente en France. Le pronostic tient compte des caractéristiques du toxique, de la dose ingérée, du terrain du patient intoxiqué, des signes cliniques, du délai à la prise en charge, de l'apparition retardée des symptômes et de la survenue de complications. L'approche clinique d'un sujet intoxiqué est orientée sur la recherche de toxidromes. En situation d'urgence, les constatations cliniques et biologiques priment sur les résultats de l'analyse toxicologique, utiles pour confirmer l'hypothèse diagnostique initiale. La prise en charge est basée principalement sur les traitements symptomatiques et les antidotes. La décontamination digestive se discute dans l'heure suivant l'ingestion en l'absence de contre-indications. Les psychotropes peuvent donner un coma et une insuffisance respiratoire aiguë. Les intoxications par antidépresseurs polycycliques sont à l'origine de convulsions, d'arythmie ventriculaire et de défaillance circulatoire. Les intoxications par cardiotropes sont responsables d'une surmortalité et doivent donc être admises en réanimation. La survenue d'un état de choc est une complication redoutable. La connaissance du mécanisme en cause, hypovolémie, vasodilatation ou altération de la contractilité cardiaque est fondamentale pour adapter le traitement. En cas de choc réfractaire aux catécholamines ou d'arrêt circulatoire persistant, le recours à une assistance circulatoire doit être discuté. Le rôle d'information des centres antipoison est aussi central en raison de l'accroissement des principes actifs et des interactions complexes entre médicaments à l'origine d'intoxications.