Bien que l’usage récréatif du cannabis en France soit illégal, la population française (18–75 ans) est au premier rang européen en termes d’expérimentation (45 %), et la région Provence-Alpes-Côte d’Azur est de loin la première du classement national (54 %). Cette banalisation de l’usage du cannabis expose les enfants à un risque plus important d’exposition accidentelle, pouvant conduire à une intoxication aiguë. Nous présentons les résultats d’une étude observationnelle réalisée sur une année concernant les intoxications aiguës par le cannabis chez les enfants de moins de 4 ans dans l’agglomération de Marseille.

Les patients ont été inclus du 1^er février 2019 au 31 janvier 2020. Tous les enfants ayant un âge compris entre un mois et 4 ans, admis dans les services d’urgences avec un dépistage urinaire de cannabis positif ont été inclus. Les données cliniques ont été recueillies dans les dossiers médicaux d’hospitalisation. Le dépistage urinaire a été réalisé par méthode automatisée en immuno-analyse, les échantillons positifs ont ensuite été confirmés par une quantification du 11-nor-9-carboxy-THC (THC-COOH) dans l’urine et du δ-9-tétrahydrocannabinol (THC), du THC-COOH et du 11-hydroxy-delta-9-THC (11-OH-THC) dans le sang. Les échantillons ont été traités par extraction sur phase solide suivie d’une analyse par chromatographie liquide couplée à la spectrométrie de masse en tandem (Xevo TQ-XS, Waters, USA). La méthode utilisée a préalablement été validée selon les recommandations de l’EMA dans le plasma et l’urine sur une gamme allant de 0,5 à 100ng/mL.

Durant la période de l’étude, 270 échantillons d’urine ont été dépistés pour le cannabis, 27 ont été retrouvés positifs (10 %). L’âge médian était de 14 mois (10–41 mois). Les concentrations médianes de THC, 11-OH-THC et THC-COOH dans le plasma (n=23) étaient de 22ng/mL (2,9–93ng/mL), 18ng/mL (2,6–65ng/mL) et 207ng/mL (29 à 914ng/mL), respectivement. Les niveaux médians de THC-COOH dans l’urine (n=21) étaient de 131ng/mL (7,2–655ng/mL). Les symptômes cliniques les plus courants étaient la somnolence (n=17), l’hypotonie (n=8) et la tachycardie (n=4). Cinq enfants ont présenté un coma, tous les enfants ayant une concentration plasmatiques de THC supérieure à 60ng/mL étaient dans le coma (n=3), suggérant un lien entre les concentrations plasmatiques de THC et la gravité de l’intoxication.

Le centre antipoison de Marseille a signalé 93 cas d’intoxication accidentelle par le cannabis entre 1993 et 2007 chez des personnes de moins de 18 ans, soit en moyenne 7 cas par an [1Spadari, y al. Intoxications accidentelles par cannabis chez l’enfant : expérience du centre antipoison de Marseille Presse Med 2009 ;  38 : 1563-1567 [inter-ref]

Haga clic aquí para ir a la sección de Referencias]. Cela met en évidence une augmentation marquée des cas d’intoxication par le cannabis chez les enfants, et en particulier une augmentation des intoxications sévères. Ces observations peuvent être expliquées par une augmentation de la teneur en THC dans la résine et les sommités fleuries de cannabis au cours des 15 dernières années associée à une banalisation de la consommation de cannabis dans la population générale.