La maladie rénale chronique (MRC) modérée à sévère augmente la susceptibilité des patients à la survenue d’effets indésirables médicamenteux (EIM). L’objectif de ce travail est de décrire les caractéristiques des EIM, rapportés ou non par les patients.

CKD-REIN inclut 3033 patients atteints de MRC avec un débit de filtration glomérulaire estimé≤60mL/min/1,73m².

Les EIM étaient recueillis annuellement dans le dossier médical et par interview des patients avec la question : « Avez-vous eu un effet indésirable médicamenteux ? » et « Si oui, lequel ? ». Tous les EIM ont été expertisés et codés par des pharmaciens. L’imputabilité et l’évitabilité des EIM graves ont été évaluées en centre régional de pharmacovigilance.

Sur un suivi médian de 3 ans [2,8–3,1], 1173 EIM (dont 316 graves) sont survenus chez 756 patients (taux d’incidence : EIM, 14,2 [13,4–15,0] pour 100 personne-années (PA) ; EIM graves, 3,8 [3,4–4,3] pour 100 PA). La majorité des EIM a été rapportée dans le dossier médical seulement (66 %), 177 (15 %) ont été rapportés dans le dossier médical et par le patient, et 224 (19 %) ont été rapportés par le patient uniquement. Alors que les affections du rein et des voies urinaires (67 % d’insuffisances rénales aiguës) et gastro-intestinales étaient les plus fréquentes, les affections musculosquelettiques et du tissu conjonctif étaient les plus déclarées par les patients (Fig. 1).

Parmi les 316 EIM graves, 5 (2 %) étaient déclarés uniquement par le patient, 21 (7 %) mentionnés par le patient et dans le dossier médical, et 290 (92 %) retrouvés uniquement dans le dossier médical. Un quart des EIM graves (n=83) étaient considérés évitables ou potentiellement évitables, parmi lesquels 14 étaient dus à un non-respect des recommandations ou une négligence de la part du patient.

Les patients identifient très peu les EIM notamment les plus graves. Informer les patients grâce à des séances d’éducation thérapeutique pourrait permettre d’en éviter certains.