Les fistules et pontages artérioveineux sont préférables aux cathéters pour l’hémodialyse chronique, mais restent insuffisamment utilisés. Des comparaisons géographiques sur les pratiques de création des voies d’abord peuvent nous informer sur leur potentiel de déploiement.

Nous avons utilisé les données du Registre REIN couplé au système national des données de santé (SNDS) pour identifier les créations de fistule et de pontage avant le démarrage de l’hémodialyse chez 40 901 patients incidents de 2010 à 2015.

Nous avons utilisé des modèles linéaires généralisés mixtes pour explorer les variations de prévalence entre départements, après ajustement sur l’âge, le sexe, le statut diabétique, l’inscription sur liste d’attente de greffe rénale, le démarrage en urgence, le statut juridique de l’établissement, et la densité territoriale en néphrologues et chirurgiens vasculaires.

Les patients avaient un âge médian était de 71 ans, 64 % étaient des hommes, 43 % avaient un diabète, et 33 % avaient démarré la dialyse en urgence. La moitié des patients avaient eu une création de fistule (49 %) ou de pontage (1,7 %), respectivement 5 (IIQ : 2–12) et 3 (1–8) mois, en médiane, avant le démarrage de l’hémodialyse. La prévalence ajustée de création de fistules variait d’un facteur 2 entre les départements français, et celle de création de pontages, d’un facteur 56. Les prévalences ajustées de fistules et de pontages sont inversement corrélées, à −0,62.

Il existe des variations géographiques dans les pratiques de création de voie d’abord en France peu expliquées par les caractéristiques des patients, les conditions du démarrage de la dialyse ou l’offre de soins en néphrologues et chirurgiens vasculaires. La création de pontages semble plus souvent se substituer que s’additionner à celles des fistules.