Les données concernant la COVID-19 sont limitées chez les patients hémodialysés chroniques. Dans cette étude, nous avons voulu identifier les marqueurs cliniques et biologiques associés aux formes sévères de COVID-19.

Il s’agit d’une étude prospective, observationnelle dans 4 centres de dialyse. Du 19/03 au 19/05/20, 62 patients hémodialysés chroniques sur 612 ont été diagnostiqués COVID-19, par RT-PCR et/ou tomodensitométrie (TDM) thoracique. Chaque patient a bénéficié d’un suivi biologique spécifique hebdomadaire.

Les données épidémiologiques et cliniques des patients issues du dossier médical informatisé ont été collectées lors du diagnostic de l’infection.

Les résultats de NFS, CRP, ferritine, fibrinogène, LDH, bilan hépatique ont été analysés de j0 à j14, avec comme référence les résultats du suivi mensuel précédent l’infection.

Les formes sévères étaient définies par l’oxygénodépendance, l’admission en réanimation ou le décès. Un modèle de Cox a été utilisé pour déterminer les facteurs prédictifs associés aux formes sévères.

Au total, 45 % des patients ont développé une forme sévère de COVID-19, et 10 % sont décédés.

En comparaison avec les formes non sévères, les formes sévères ont eu plus de fièvre (93 % vs 56 %, p<0,01), de toux (71 % vs 38 %, p=0,02), et de dyspnée (43 % vs 6 %, p<0,01). À j7, leur taux de polynucléaires neutrophiles (N), leur rapport neutrophiles/lymphocytes (N/L), leurs CRP, ferritine, fibrinogène et LDH étaient significativement plus élevés en analyse univariée.

En analyse multivariée, un ratio N/L>3,7 à j7 était le facteur prédictif majeur d’une évolution vers une forme sévère (AHR 4,28, IC_95 % [1,52–12], p<0,01) (Fig. 1).

Les patients hémodialysés ont un risque accru de formes sévères de COVID-19. En plus de la fièvre, de la toux et de la dyspnée, le ratio N/L à j7 semble être un marqueur fiable du risque d’évolution vers une forme grave de COVID-19.