Dans sa Phénoménologie des psychoses, Arthur Tatossian voit dans l’altération basale des patients une réduction phénoménologique sous contrainte et établit la conduite du quotidien comme point sensible de l’expérience schizophrène, vulnérabilité et marque de son destin. Cette perspective dévoile l’enjeu de la dynamique de l’identité humaine. Dépassant la figure spatiale d’une scission, Alfred Kraus reprend le format vivant de la dynamique de « rôle », qui règle le rapport à Soi et aux autres du sujet, et suggère de rapporter symptômes et syndromes, autre enjeu destiné à une des variantes dialectiques de l’équilibre entre Soi et autrui. Revenir à l’intuition psychopathologique des origines de la phénoménologie psychiatrique, c’est rapporter le trouble à une expérience particulière du temps vécu, soit une modification des rapports entre les extases temporelles que Bin Kimura décrit comme une « futurisation » excessive par accentuation du possible et impatience de l’exister. Ces approches éclairent de façon originale le dispositif des prises en charge et, loin de prôner des applications thérapeutiques objectives, génèrent des implications susceptibles d’enrichir et de valoriser les projets de soins.

In his work « Phenomenology of Psychosis » Arthur Tatossian tends to report the basal alteration of patients to a constrained phenomenological reduction and deducts the drive of daily life as a sensitive point of the schizophrenic experience, vulnerability and mark of his destiny. This perspective reveals the challenge of the dynamics of human identity. Going beyond the spatial figure of a split, Alfred Kraus takes up the living format of the dynamics of « role », which regulates the relation of the subject to Self and others, and suggests to report symptoms and syndromes, another stake destined, to one of the variants dialectics of the balance between self and others. We return to the psychopathological intuition of the origins of psychiatric phenomenology to relate the disorder to a particular experience of the lived time, a modification of the relations between the temporal ecstasies that Bin Kimura describes as an excessive « futurisation » by accentuation of the possible and impatience to exist. These approaches inform in a novel way the system of care, and far from advocating objective therapeutic applications, generate implications that can enrich and enhance care projects.