Détermination du fluorofentanyl et du furanylfentanyl dans les cheveux par LC-MS/MS suite à une overdose aux opioïdes : à propos d’un cas - 10/05/18
Resumen |
Objectif |
Les opioïdes de synthèse représentent une menace croissante pour la santé, et sont souvent impliqués dans des intoxications ou des décès. Nous rapportons un cas d’intoxication aux dérivés du fentanyl chez un polyconsommateur de drogues ayant expérimenté plusieurs NPS, objectivé par l’analyse capillaire.
Description du cas |
M. X. est hospitalisé aux urgences pour overdose aux opiacés. La semaine précédant l’accident, il a consommé quotidiennement (70mg/jour) par voie nasale de la « china white », une poudre blanche censée contenir un dérivé du fentanyl. Le jour de l’intoxication, après 48 heures sans aucune consommation, il sniffe 2 à 3mg d’une nouvelle poudre censée contenir du butyrylfentanyl. Il sera retrouvé par sa compagne 15 minutes plus tard, inanimé sur le sol, en état de dépression respiratoire. À l’arrivée du SAMU, il présente un score de Glasgow 3 et une saturation en O2 à 70 %. L’examen clinique retrouve un myosis serré bilatéral non réactif, une cyanose et une bradypnée. L’administration de Naloxone permet la sortie du coma du patient. La toxicologie urinaire de routine retrouve une positivité aux opiacés, à la cocaïne et au cannabis. Un échantillon de la poudre consommée juste avant l’accident est récupéré lors de l’entretien de réduction des risques, et un prélèvement de cheveux à un mois des faits sera réalisé. Trois segments de deux centimètres (A : 0–2cm ; B : 2–4cm ; C : 4–6cm) serons analysés par une méthode inspirée d’une technique de LC-MS/MS déjà décrite [1 ], permettant la recherche de 8 opioïdes de synthèse (fluorofentanyl, furanylfentanyl, butyrylfentanyl, ocfentanyl, acétlyfentanyl, fentanyl, sufentanyl, alfentanyl).
Résultats |
La méthode présente une linéarité de 1 à 1000pg/mg (R2=0,99) avec une justesse et une précision satisfaisantes (biais et CV<15 %). La limite de quantification est de 1pg/mg. L’analyse réalisée sur l’échantillon de poudre par le site SINTES Paris révèle non pas du butyrylfentanyl mais du 3-fluorofentanyl (pureté : 86 %), un dérivé du fentanyl identifié pour la première fois sur le territoire européen. L’analyse capillaire confirme l’absence de butyrylfentanyl, et met en évidence la présence de fluorofentanyl (A : 150, B : 80, C : 60pg/mg), mais aussi de furanylfentanyl (A : 40, B : 20 et C : 15pg/mg) et de fentanyl (A : 37, B : 25 et C : 3pg/mg). En absence de données de littérature concernant les concentrations observées lors d’usage chronique de ces dérivés du fentanyl, ces résultats semblent refléter une exposition régulière dans les 6 mois précédant le prélèvement, avec des concentrations plus élevées dans le segment A, pouvant évoquer une augmentation de la consommation dans la période précédant l’accident. L’héroïne (A : 10, B : 50, C : 40pg/mg), ses biomarqueurs capillaires (6-MAM, morphine, codéine, acétylcodéine), ainsi que le tramadol ont aussi été identifiés à des concentrations décroissantes, évoquant un transfert de consommation des opioïdes conventionnels vers les dérivés du fentanyl. D’autres NPS et stupéfiants classiques (2-CE, DXM, kétamine, méthamphétamine, amphétamine, MDMA, cocaïne) ont été identifiés, affirmant le statut de polyconsommateur de M. X.
Conclusion |
Les opioïdes de synthèse sont présents en France, et représentent un risque majeur pour la santé des consommateurs. Leur identification systématique, notamment dans les cheveux permet d’étudier les profils des consommateurs, et pouvoir ainsi leur proposer un parcours préventif adapté.
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Vol 30 - N° 2S
P. S47-S48 - juin 2018 Regresar al númeroBienvenido a EM-consulte, la referencia de los profesionales de la salud.