Consommation de drogues identifiée par analyse capillaire parmi les HSH lors de l’étude ANRS Ipergay : relation avec les pratiques à risque - 10/05/18
Resumen |
Objectif |
La consommation de drogue semble se généraliser parmi les hommes ayant des relations sexuelles avec les hommes (HSH) notamment lors de « chemsex ». Cette pratique serait associée à des comportements à risque plus importants. Toutes les études reposent toutefois sur le déclaratif des HSH. Cette étude a pour objectif de mesurer la proportion de consommation de drogues dans cette population par analyse capillaire et son association aux pratiques à risque.
Méthodes |
Dans le cadre de l’étude ANRS Ipergay (évaluant la PrEP, prophylaxie pre-exposition contre le VIH), il a été prélevé chez des participants à une sous-étude 1 mèche de cheveux tous les 4 mois afin de déterminer leur consommation de substances (excepté GHB/GBL, poppers et THC). Une analyse segmentaire a été pratiquée lorsque la longueur de la mèche le permettait (≥3cm). Après décontamination et extraction liquide/liquide, un criblage en LC-MS/MS Haute Résolution Q-Exactive et une quantification par triple quadripole TSQ Vantage (Thermofisher®) ont été effectués, incluant les stupéfiants classiques (opiacés, cocaïne, amphétamines, kétamine) mais également les nouveaux produits de synthèse (NPS).
Résultats |
Soixante-neuf volontaires ont été inclus avec des caractéristiques démographiques similaires aux 429 participants de l’étude Ipergay. L’âge médian est de 35 ans [28;41]. Deux cent dix-neuf segments de cheveux (1,5 à 2,5cm) provenant de 137 mèches ont été analysés correspondant chacun à une consommation entre 1,5 et 2,5 mois. Trente-deux molécules ont été identifiées, 9 considérées comme thérapeutiques bien que probablement utilisées comme drogues récréatives (sildénafil, vardénafil, tadalafil). Huit stupéfiants classiques ou substances détournées ont été détectés sur au moins 1 segment chez 53 volontaires, soit une prévalence de 77 % : cocaïne (n=47, 68 %), MDMA (31, 45 %), kétamine (26, 38 %), métamphétamine (6), amphétamine (4), dextrométorphane (4), méthylphénidate et butorphanol (1). Quinze NPS ont été mis en évidence chez 27 patients, correspondant à une prévalence de 39 %. Par ordre de fréquence, on retrouve la méphédrone (14), 4-MEC (11), éthylphénidate (5), méthylone (4), méthoxétamine (4), méthiopropamine (3), PMMA (3), MDPV (3), métamfépramone (1), 5F-PB22 (1), diphénidine (1), phendimétrazine (1), phentermine (1), N-methyl-2-AI (1) et diméthylone (1). Aucune pipérazine type TFMPP ou m-CPP n’a été retrouvée. Aucun cas de consommation de NPS seul n’a été retrouvé : les NPS sont associés à la cocaïne dans 25/27 cas (93 %), à la MDMA dans 20/27 (74 %) ou la kétamine dans 19/27 (70 %). L’analyse capillaire permet une meilleure détection des consommateurs que les auto-questionnaires puisque 21/53 (40 %) ayant des drogues dans les cheveux avaient déclaré ne pas en consommer. Les HSH consommant des drogues ont un nombre déclaré de partenaires dans les 2 mois précédant le prélèvement significativement plus élevé que les non consommateurs (médiane=7 [4;15] vs 5 [2;10], p<0,0001).
Conclusion |
La prévalence de consommation des NPS et en particulier des cathinones chez les HSH utilisant la PrEP est élevée, mais moindre que celle des drogues classiques comme la cocaïne et la MDMA. L’analyse capillaire est la seule méthode qui permet d’évaluer précisément cette consommation, car sous-déclarée. Cela est d’autant plus important que cette consommation s’accompagne d’une augmentation des pratiques à risque, en particulier du nombre de partenaires.
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Vol 30 - N° 2S
P. S45-S46 - juin 2018 Regresar al númeroBienvenido a EM-consulte, la referencia de los profesionales de la salud.