L’ingénierie tissulaire, dont le concept repose sur la mise en présence et l’implantation in vivo des éléments jugés nécessaires à un remodelage tissulaire vers le phénotype de l’organe voulu, pourrait représenter une alternative aux techniques classiques de remplacement œsophagien. Actuellement, l’approche hybride consistant à créer un substitut composé d’une matrice acellulaire, de cellules épithéliales et de cellules musculaires autologues est celle qui a donné les résultats les plus aboutis. Les recherches actuelles portent sur l’utilisation des cellules souches mésenchymateuses, dont le potentiel de différenciation, les propriétés pro-angiogéniques, immunomodulatrices et anti-inflammatoires, constituent des atouts prometteurs. À moyen terme, la confection de « matrices intelligentes » non cellularisées, mais contenant les molécules nécessaires à la régénération tissulaire, permettrait de s’affranchir de l’implantation cellulaire et d’obtenir des réponses biologiques standardisées in vivo. À l’heure actuelle, les applications d’ingénierie tissulaire de l’œsophage chez l’homme se sont limitées à la réalisation de plasties d’élargissement par des matrices non cellularisées. Cependant, les applications cliniques existantes de remplacement par ingénierie tissulaire d’autres organes, associées à la multiplication des protocoles de recherche translationnelle de remplacement œsophagien chez le gros animal, laissent présager à court terme l’obtention d’une autorisation des autorités sanitaires pour l’initiation d’un essai clinique.

Tissue engineering, which consists of the combination and in vivo implantation of elements required for tissue remodeling toward a specific organ phenotype, could be an alternative for classical techniques of esophageal replacement. The current hybrid approach that entails creation of an esophageal substitute composed of an acellular matrix and autologous epithelial and muscle cells provides the most successful results. Current research is based on the use of mesenchymal stem cells, whose potential for differentiation and pro-angiogenic, immune-modulator and anti-inflammatory properties are important assets. In the near future, esophageal substitutes could be constructed from acellular “intelligent matrices” that contain the molecules necessary for tissue regeneration; this should allow circumvention of the implantation step and still obtain standardized in vivo biological responses. At present, tissue engineering applications to esophageal replacement are limited to enlargement plasties with absorbable, non-cellular matrices. Nevertheless, the application of existing clinical techniques for replacement of other organs by tissue engineering in combination with a multiplication of translational research protocols for esophageal replacement in large animals should soon pave the way for health agencies to authorize clinical trials.