Plusieurs moniteurs de dialyse affichent en temps réel la natrémie du patient (NaCond) déduite de la valeur de conductivité de l’eau plasmatique calculée à partir de mesures de conductivité du dialysat. Ce travail compare les variations de NaCond durant la séance de dialyse avec celles de la natrémie et de la tonicité plasmatiques mesurées au laboratoire.

Cinquante-cinq séances d’hémodialyse ont été effectuées chez 21 patients sur des moniteurs 5008 (Fresenius) qui affichent en temps réel la valeur (NaCond) de la natrémie. Un échantillon sanguin est prélevé en début et fin de séance pour la mesure au laboratoire de la natrémie (mmol/L) de la kaliémie (mmol/L) de l’urée sanguine (mmol/L), de la protidémie (g/L) et de l’osmolalité plasmatique (mOsm/kg). Les valeurs de la natrémie, de la kaliémie, de l’urée sanguine sont corrigées en fonction de la protidémie afin d’être exprimées en millimoles par litre (oukg) d’eau plasmatique. Les variations durant la séance de la natrémie exprimée en mmol/kg et de la tonicité (définie comme osmolalité [mOsm/kg]−urée [mmol/kg]) sont comparées à la variation de NaCond.

De façon significative (p<0,01), la natrémie augmente en moyenne (±SD) de 1,4 (±2) mmol/kg et la kaliémie diminue en moyenne de 0,6 (±0,4) mmol/kg. En revanche, il n’y a pas de variation significative de la tonicité (−0,02±3,7mOsm/kg ; p=0,96) ni de NaCond (−0,4±2mmol/L ; p=0,19).

L’isotonicité des séances de dialyse peut être assurée en dépit d’une augmentation de la natrémie durant la séance, en partie parce que cette augmentation est compensée par une diminution de la kaliémie. Ce maintien de la tonicité est associé à une tendance (non significative probablement en raison d’un nombre insuffisant de séances) à la diminution de NaCond correspondant à une diminution de la conductivité plasmatique. Ceci peut être expliqué, au moins partiellement, par le fait que, durant la séance, le chlorure est remplacé par du bicarbonate (moins mobile en raison de sa taille) et le potassium par du sodium (moins mobile en raison de son déplacement sous forme hydratée).

L’isotonicité d’une séance d’hémodialyse ne requiert pas l’isonatrémie.