Perception consciente ou perception inconsciente : quel rapport entre perception et conscience ? - 05/03/15
Conscious perception or unconscious perception: What is the relationship between perception and consciousness?
Cet article a été publié dans un numéro de la revue, cliquez ici pour y accéder
Résumé |
Objectifs |
Cet article rediscute la manière dont peut se définir la notion de perception et invite à repenser la relation entre perception et conscience.
Méthode |
Selon une définition classique, perception et conscience sont des notions indissociables : la perception est le processus d’origine sensorielle apportant une connaissance consciente du monde extérieur. Cette définition reste souveraine dans la littérature moderne, mais se trouve en quelque sorte contredite par l’usage désignant comme « perceptions inconscientes » une série de phénomènes cliniques (manifestations hystériques, situations de lésion cérébrale) et expérimentaux (études tachiscopiques). C’est cette contradiction que nous examinons.
Résultats |
Il semble judicieux de considérer que toutes les « perceptions inconscientes » relevées par la science depuis plus d’un siècle ne forment pas un ensemble de phénomènes disparates, mais relèvent en fait d’un seul et même phénomène observable quand ne sont pas réunies toutes les conditions pour permettre à la conscience d’apparaître. Il apparaît alors que ce phénomène devance toujours le moment où la conscience doit éventuellement apparaître.
Discussion |
Le paradoxe que constitue le terme de « perception inconsciente » marque la résistance de la littérature à pleinement envisager un phénomène psychique hors du champ de la conscience et exprime en définitive une profonde allégeance à la pensée de Descartes contraire au principe d’une vie psychique inconsciente. Pour Descartes, la perception – c’est le fondement même de la définition classique – est l’activité sensorielle en tant qu’elle anime la conscience. La vision de Leibniz, concevant que la vie d’âme ne se limite pas à la conscience, offre une définition plus large : la perception est l’activité sensorielle en tant qu’elle anime l’âme. Et précisément, concluons-nous, elle l’anime toujours à un niveau inconscient, devançant l’établissement de la conscience.
Conclusion |
En reconnaissant la nature fondamentalement inconsciente de la perception, nous résolvons en quelque sorte notre paradoxe : le terme de « perception inconsciente » en devient un pléonasme. Nous assumons également que la conscience se trouve séparée du processus de perception et prend forme dans le prolongement d’un espace psychique inconscient qui, lui, se constitue directement au contact du corps. De sorte que nous prenons le plus souvent possession du monde extérieur deux fois : en le percevant, puis en prenant conscience de notre perception.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Abstract |
Purposes |
This paper discusses how the notion of perception can be defined and suggests a reappraisal of the relationship between perception and consciousness.
Method |
According to classic definition, the notion of perception cannot be separated from that of consciousness: perception is the process originating from sensory activity that provides a conscious knowledge of the external world. This definition predominates in modern literature, but it is to some extent contradicted by the usage of the phrase “unconscious perceptions” to refer to a series of clinical phenomena (hysterical manifestations, brain damage) and experimental phenomena (tachistoscopic studies). This is the contradiction we propose to examine.
Results |
It seems judicious to consider that the “unconscious perceptions” noted by science for over a century are not a group of disparate phenomena, but amount to a single phenomenon that is observable when the conditions enabling the appearance of consciousness are not fully met. It then becomes clear that this phenomenon always occurs before the moment when consciousness can potentially appear.
Discussion |
The paradoxical term of “unconscious perceptions” evidences the reluctance of the literature to actually envisage a psychic phenomenon falling outside the field of consciousness, and all in all evidences a strong allegiance to Descartes’ thinking, opposed to the principle of an unconscious psychic life. For Descartes, perception – this is the very basis of the classic definition – is sensory activity in that it is able to animate consciousness. The view of Leibniz, according to which the life of the soul is not restricted to mere consciousness, provides a wider definition: perception is the sensory activity able to animate the soul. And precisely, we conclude that it always animates it at an unconscious level, prior to the establishment of consciousness.
Conclusion |
By admitting the inherently unconscious nature of perception, in a sense we solve our paradox: the term of “unconscious perception” becomes a pleonasm. We also conclude that consciousness is separate from the process of perception, and emerges as an extension of an unconscious psychic space forming in close contact with the body. Thus, we generally take possession of the external world twice: by perceiving it and then by becoming conscious of our perception of it.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Mots clés : Perception, Conscience, Inconscient, Appareil psychique, Descartes R., Leibniz G.W.
Keywords : Perception, Consciousness, Unconscious, Psychic apparatus, Descartes R., Leibniz G.W.
Plan
☆ | Toute référence à cet article doit porter mention : Buizard J.-M. Perception consciente ou perception inconsciente : quel rapport entre perception et conscience ? Evol psychiatr 2015;80(4): pages (pour la version papier) ou URL [date de consultation] (pour la version électronique). |
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