Depuis plusieurs années, la France s’interroge sur la révision de la mesure d’exclusion permanente du don de sang des HSH. Trois pays ont mis en œuvre un ajournement de 12 mois après un rapport sexuel entre hommes, alors que le poids de l’épidémie VIH chez les HSH est comparable à celui de notre pays. En Angleterre, où la modification date de fin 2011, les données confirment les études préalables de modélisation : le pourcentage d’hommes dépistés positifs (VIH, VHB, VHC, HTLV, syphilis) déclarant avoir eu des rapports sexuels entre hommes a augmenté depuis la modification (6,4 % en 2010–11 vs 9,2 % en 2012–13), tandis que le pourcentage de non-compliance déclarée a légèrement diminué (6,4 % des donneurs masculins positifs en 2010–11 vs 5,1 % en 2012–13). Ces données confortent l’hypothèse d’une non-augmentation du risque, même si, parmi les 15 donneurs non compliants en 2012-13, 6 avaient séroconverti entre 2 dons. En Australie, une étude a montré que le risque lié au VIH n’a pas été modifié par le changement de la mesure intervenue en 2000 et que la non-compliance, qui est faible dans ce pays, pèse davantage sur le risque que la durée d’ajournement. En 2012, un délai d’ajournement réduit de 12 à 6 mois a été envisagé. Malgré une non-compliance en théorie encore plus faible, la décision de ne pas réduire ce délai a été prise, dans un contexte d’augmentation du nombre de nouveaux diagnostics VIH chez les HSH. Aux États-Unis, un niveau élevé de non compliance des HSH à l’exclusion permanente et une adhésion à un ajournement de 12 mois par la moitié des HSH non compliants interrogés, ont été des arguments forts dans la décision prise par la FDA, fin 2014, d’adopter cette mesure.