Le thiopental n’est pas un facteur de risque de pneumopathie tardive chez le traumatisé crânien grave. Une analyse post-hoc sur 441 traumatisés crâniens graves - 07/09/15
et
ATLANREA groupe
Résumé |
Introduction |
Le thiopental (Pento) est un barbiturique régulièrement proposé pour traiter les poussées d’hypertension intracrâniennes (HTIC), notamment chez les traumatisés crâniens (prescrit dans 20 % des cas sur une cohorte récente de 1172 patients) [1 ]. Cependant son intérêt est controversé, du fait des effets secondaires hémodynamiques mais aussi immunologiques. En effet, il a été décrit une immunosuppression dans des séries anciennes [2 ] et une association aux pneumopathies précoces [3 ]. L’objectif de cette étude est de rechercher si l’utilisation de Pento est un facteur de risque de pneumopathie chez les traumatisés crâniens graves.
Matériel et méthodes |
Analyses post-hoc à partir de deux bases de données prospectives (issues des études SPIRIT et Corti-TC). Dans les deux études, la survenue d’HTIC (et son traitement, y compris l’utilisation du Pento) était notée prospectivement. La survenue de pneumopathie était le critère de jugement principal dans ces 2 études randomisées contrôlées. Nous avons réalisé une analyse uni-, puis multivariée afin d’identifier les facteurs de risque de pneumopathie précoce (i.e. entre j2 et j7) et tardive (>j7–j28).
Résultats |
Parmi les 441 traumatisés crâniens graves (âge 39±17ans, 135 (80,3 %) Hommes, IGS II 44,7±11,3, Glasgow initial 5,7±1,9, ISS 20,5±13,7) inclus dans les 2 études (275 patients pour Corti-TC et 166 pour Spirit), 183 (41 %) ont présenté une HTIC. Parmi ces 183 patients, 138 (75 %) ont reçu du Pento, (début 11,8±2,8jours après l’admission, pour une durée de 4,1±3,9jours dans la base corti-TC). Il n’y avait pas de différence significative entre les patients HTIC ayant reçu du pento ou non, en dehors d’un recours plus fréquent à l’hyperventilation [16 (12 %) vs 0, p=0,017]. En analyse multivariée, le Pento était le seul facteur associé à la survenue de pneumopathie précoce (OR 5,56 [IC95 ; 1,44–21,44], p=0,013) (facteurs testés : sexe, craniectomie, IGS, Glasgow, tabagisme, Score AIS cérébral). Mais, cette association n’existait pas pour les pneumopathies tardives (OR 0,48 [0,17–1,39], p=0,18). Seul le score AIS initial était associé de à la survenue de pneumopathies tardives (OR 1,19 [1,21–3,02], p=0,005). L’utilisation du pento était associé à moins de jours sans ventilation mécanique à j28 (pour la population HTIC 12±9 vs 7±8jours, p=0,001 et pour la population totale 13±8 vs 7±8jours p=0,001). La survie à j28 était identique pour les patients HTIC ayant reçu du pento ou non [71 (60 %) vs 14 (64 %) patients vivants à j28, p=0,72].
Discussion |
Dans ces deux cohortes prospectives, issues d’études randomisées contrôlées récentes, l’utilisation de Pento est associée à la survenue de pneumopathies précoces, probablement liées à la gravité des patients, la survenue de la pneumopathie étant souvent antérieure à la mise sous Pento ; mais pas à la survenue de pneumopathie tardive. Une analyse longitudinale prenant en compte le facteur temps nous permettra probablement de mieux déterminer si le Pento est associé ou non à la survenue de pneumopathies.
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Vol 1 - N° S1
P. A6 - septembre 2015 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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