Immunodépression des brûlés graves et infections fongiques invasives : un rôle des cellules myéloïdes suppressives - 07/09/15
Résumé |
Introduction |
Les infections fongiques invasives (IFI) sont associées à une mortalité élevée en réanimation. Elles surviennent surtout en cas d’association de troubles de l’immunité et d’une rupture de la barrière cutanéo-muqueuse. Les patients brûlés graves apparaissent donc particulièrement à risque. Une meilleure caractérisation de leurs déficits immunitaires pourrait permettre d’identifier ceux les plus à risque et de proposer des thérapeutiques immmunomodulatrices. L’objectif était de décrire le profil immunologique de patients brûlés graves ayant présenté une IFI.
Matériel et méthodes |
Les patients brûlés>20 % de surface cutanée brûlée (SCB) admis entre mars et octobre 2014 ont été inclus. Prélèvements séquentiels à J0, J2, J7, J14, J28 ou jusqu’à la sortie ou le décès du patient. Les marqueurs de l’immunité innée ont été explorés en cytométrie de flux sur sang total : Natural killer (NK), Mucosal Associated Invariant T cells (MAIT), quantification des molécules HLA-DR sur les monocytes, polynucléaires neutrophiles (PNN) et sous populations monocytaires (ces dernières définies selon des marquages membranaires classiques (CD14+CD16−), intermédiaires (CD14+CD16+) et non classiques (CD14lowCD16+)). Les patients avec IFI (IFI+) ont été comparés avec ceux sans (IFI−). Résultats exprimés en médianes (25–75 percentiles). Analyse par test de ANOVA pour mesures répétées analyse post-hoc (Bonferroni) ou Mann-Whitney. p<0,05 considéré comme significatif.
Résultats |
26patients ont été inclus, 7 (27 %) étaient IFI+. La SCB des IFI+ était de 40 (33–85) % vs 33 (27–42) % pour les IFI− (p=0,14). L’IGS 2 et l’ABSI étaient respectivement de 41 (36–49) et 9 (9–13) chez les IFI+ et 23 (17–33) et 7 (6–8) chez les IFI− (p=0,002 et p=0,009 respectivement). La mortalité à 90jours était de 57 % chez les IFI+ et de 11 % chez les IFI−. Le compte absolu de PNN n’était pas statistiquement différent entre les deux. Le compte absolu de monocytes était plus bas à J2 chez les IFI+(p=0,03). Le nombre de site d’HLA-DR par monocyte était plus bas dès J3 chez les IFI+ et le restait par la suite (p=0,03). Les cellules NK étaient plus basses chez les IFI+ à partir de J7 et les MAIT plus bas chez les IFI+ à J0 (p=0,01) mais cette différence s’estompait ensuite.
Une population particulièrement représentée chez les IFI+, notamment à mucormycose (Fig. 1), possède des caractéristiques morphologiques de monocytes et exprime faiblement CD14. Elle présente cependant un profil de PNN (CD45low, CD16hi, CD66+). Ce phénotype composite est évocateur de cellules myéloïdes suppressives MDSC.
Discussion |
Les brûlés graves présentent une altération profonde de leur immunité innée. Cette altération est d’autant plus marquée chez les patients IFI+. L’augmentation de cellules myéloïdes suppressives chez ces patients pourrait contribuer à l’immunosuppression favorisant l’IFI.
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Vol 1 - N° S1
P. A305-A306 - septembre 2015 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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