L’utilisation de l’échographie pour la réalisation de l’anesthésie locorégionale chez l’enfant a connu un intérêt grandissant ces dernières années. Cependant, il n’existe pas de données sur la pratique de l’anesthésie locorégionale (ALR) sous échographie par les anesthésistes au Maroc, notamment en pédiatrie. Nous avons étudié les pratiques des techniques d’ALR échoguidées, en chirurgie pédiatrique au CHU Mohamed VI à Marrakech.

Il s’agissait d’une étude prospective descriptive, observationnelle, réalisée dans le service d’anesthésiologie pédiatrique de l’hôpital d’enfant, CHU Mohamed VI à Marrakech. L’étude, étalée du janvier 2014 à janvier 2015, d’une durée de 13mois, a inclus tout patient âgé de 0 à 15ans bénéficiant d’une technique d’ALR sous échographie durant cette période. Les données relevées évaluées étaient : les paramètres démographiques, le type de chirurgie, le type et les modalités de l’ALR pratiquée, la pose d’un cathéter périnerveux, le volume l’anesthésique local administré en millilitres, la ou les techniques de repérage utilisées (échographie seule ou échographie associée à la neurostimulation), le type d’approche échographique, la durée de la procédure, le nombre de ponctions cutanées, la réussite initiale du bloc, l’échec de la technique d’ALR et les incidents ainsi que les accidents liés à la pratique de l’ALR. Les résultats étaient exprimés en moyenne avec des extrêmes et en pourcentage. L’ensemble des données recueillies a fait l’objet d’une analyse descriptive.

Au total, 3133actes d’anesthésie pédiatrique étaient réalisés durant cette période, l’incidence de la pratique de l’ALR était de 24,38 % soit 764actes d’analgésie locorégionale. L’anesthésique local utilisé était : bupivacaïne 0,25 % sans dépasser 0,3mg/kg. Le repérage a utilisé l’échographie seule pour 571 (74,74 %) des procédures et l’échographie associée à la neurostimulation pour 193 d’entre elles (25,26 %). L’âge moyen des patients était de 2,17ans (unjour–15ans). Parmi les patients ayant bénéficié d’une ALR, 52,22 % étaient opérés pour une chirurgie orthopédique, 31,41 % pour une chirurgie digestive, 14,26 % pour une chirurgie urologique et 2,11 % pour une chirurgie thoracique. Aucune complication n’a été observée. Les blocs périphériques représentaient 99,22 % des techniques d’analgésie locorégionale, alors que les blocs centraux dans uniquement 0,78 % des cas. Le succès de l’ALR était obtenu dans 81,25 % des cas. Le taux de succès et le volume injecté variaient en fonction du type de bloc réalisé. Le taux d’échec le plus important concerne la pratique du bloc sciatique. La durée de la procédure a été inférieure à cinqminutes pour 509 (66,62 %).

L’échoguidage est en train de révolutionner la pratique de l’analgésie locorégionale (ALR), Il permet une vue directe de l’aiguille, du nerf visé et de la distribution de l’anesthésique local ce qui est un avantage majeur. La pratique de l’ALR sous échographie dans notre structure était de l’ordre de 24,38 %, cette pratique est assez proche de celle des autres pays. À l’avenir, il serait intéressant de réaliser une enquête des pratiques à l’échelon national afin d’améliorer ces premiers résultats et d’identifier les acquis et défauts sur la pratique de l’écho-ALR au Maroc.