Les intoxications aiguës sont un motif fréquent de consultation dans les services d’urgence et d’admission en réanimation. Elles constituent un vrai problème de santé publique. Le but de ce travail est de tracer le profil épidémiologique et pronostique de ces intoxications admises en service de réanimation.

Il s’agit d’une étude rétrospective observationnelle sur une période de 5ans et 3mois, s’étalant du début du mois de mai 2008 à la fin du mois d’août 2013 et incluant tous les patients admis pour des intoxications aiguës au service de réanimation polyvalente du centre hospitalier régional Al Farabi d’Oujda au Maroc.

Les données étaient analysées à partir des dossiers des patients. Nous avons relevé les caractéristiques épidémiologiques, ainsi que les éléments de prise en charge sur le plan diagnostique, thérapeutique et pronostique.

Cent vingt et un malades ont été colligés parmi 4493 hospitalisations (avec une fréquence de 2,7 %), dont 60 femmes et 61 hommes, ce qui fait un sex-ratio de 1. La moyenne d’âge était de 30ans. Les intoxications étaient dans un but suicidaire dans 61,15 % des cas. Les toxiques les plus incriminés étaient : les médicaments dans 32 %, les envenimations (vipérines et scorpioniques) dans 18 % des cas, les produits organophosphorés dans 16 % des cas, et la paraphénylène diamine (PPD) dans 13 % des cas. Quarante-deux pour cent des patients ont nécessité une ventilation mécanique. La durée moyenne d’hospitalisation était de 3jours. L’évolution était fatale chez 34,71 % des patients (42 parmi les 121 cas), la paraphénylène diamine était la première cause de mortalité dans notre série.

Les intoxications sont devenues la 1^re cause d’admission à l’hôpital des sujets de moins de 30ans dans les pays développés.

Les résultats concernant les données générales de notre étude sont comparables à ceux de la plupart des études publiées. L’étude de la nature du toxique est spécifique à notre contexte. Les produits agricoles viennent en 2^e position après l’intoxication médicamenteuse (1^re cause aux pays développés). Ceci est probablement expliqué par la vocation agricole de notre pays, et la disponibilité de produits toxiques à bon marché. L’approche médicale du patient intoxiqué doit rester clinique avec une primauté du traitement symptomatique. Les indications et les modalités de décontamination gastro-intestinale sont maintenant parfaitement et clairement définies. Les antidotes ont encore fait des progrès et certains d’entre eux doivent être considérés comme des médicaments de première ligne.

L’intoxication aiguë constitue un problème de santé publique au Maroc. La sensibilisation de la population, et la réglementation de la vente des produits incriminés restent seuls garant d’une meilleure prévention de ce problème.