Évaluation des bénéfices apportés par les boissons glucosées au cours de l’accouchement : étude randomisée multicentrique - 07/09/15
Résumé |
Introduction |
La pratique habituelle du jeûne pendant le travail [1 ] est remise en cause, l’accouchement étant comparé à une épreuve sportive. L’apport de solutés glucosés per os semblerait plus physiologique que l’apport par voie intraveineuse. Nous avons étudié l’effet de l’apport de boisson glucosée pendant le travail par rapport au jeûne habituel sur le taux d’extractions instrumentales.
Patientes et méthodes |
Après accord du CPP Nord-Ouest III, nous avons mené une étude prospective, randomisée, multicentrique. Nous avons inclus les patientes majeures, en travail avec une dilatation du col cervical<8cm, ayant signé un consentement éclairé. Les patientes étaient randomisées avec une stratification sur la parité, en groupe A (jeûne habituel) et groupe B (boissons glucosées). Dans le groupe B un jus de fruits sans pulpe (11 à 16g de glucides/100mL) était administré (200mL/3heures au maximum). Les apports intraveineux n’étaient pas modifiés par rapport aux pratiques habituelles. Le critère d’évaluation principal était le taux d’extractions instrumentales.
Les critères d’évaluation secondaires étaient la durée de travail, le taux de césariennes, la fréquence des hémorragies de la délivrance, le confort de la parturiente durant l’accouchement (survenue de vomissements, évaluation par une EVA des sensations de soif, faim, fatigabilité, anxiété et vécu global de l’accouchement), la durée de séjour en post-partum, les anomalies du rythme cardiaque fœtal, le pH artériel au cordon, le score d’Apgar, la variation de poids entre j0 et j3.
Résultats |
Nous avons inclus 4142 patientes de janvier 2008 à août 2011. Les données ont été analysables pour 3984 patientes, 1970 dans le groupe A et 2014 dans le groupe B. Nous n’avons pas mis en évidence de différence significative entre les 2 groupes sur le taux d’extractions instrumentales (19,8 % dans le groupe A versus 18,2 % dans le groupe B, p=0,265). Dans le groupe B, la période de jeûne avant admission était significativement plus longue que dans le groupe A, les sensations de soif et de faim étaient significativement moins importantes et plus de vomissements ont été constatés. Aucun évènement indésirable grave imputable au protocole n’a été mis en évidence.
Discussion |
Notre étude n’a pas permis de mettre en évidence une réduction du taux d’extractions instrumentales par l’apport de solutions glucosées pendant le travail par rapport au jeûne habituel. Ces données concordent avec les résultats de l’étude de O'Sullivan en 2009 [2 ]. Si les vomissements sont plus fréquents dans le groupe ayant bu du jus de fruits, aucun syndrome d’inhalation n’a été décrit. Une méta-analyse récente [3 ] confirme l’absence de bénéfices ou d’effets délétères induits par l’alimentation pendant le travail chez les patientes à faible risque de complications. L’apport calorique réellement pris pendant le travail dans cette étude semble insuffisant et pourrait expliquer l’absence de bénéfice constaté sur l’efficacité du travail.
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Vol 1 - N° S1
P. A186-A187 - septembre 2015 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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