Dans le choc septique, l’utilisation de la noradrénaline est recommandée en première intention. L’impact des hautes doses de noradrénaline sur la survie des patients reste méconnu. L’objectif de cette étude était de déterminer la dose de noradrénaline pour laquelle le pourcentage de décès excède 90 % et de déterminer si la dose maximale de noradrénaline administrée est un facteur de risque indépendant de mortalité.

Nous avons conduit une étude rétrospective, observationnelle et monocentrique de janvier 2009 à mai 2013. Tous les patients ayant présenté un choc septique ont été inclus. Nous avons recueilli les données démographiques, le score SOFA et SAPS 2, le site infectieux, la présence d’une défaillance d’organe, la dose maximale en μg/kg/min de noradrénaline et sa durée d’administration.

Nous avons recueilli au premier jour du choc septique et le jour où la dose maximale de noradrénaline a été atteinte les paramètres hémodynamiques. À la sortie de réanimation nous avons également relevé la durée de ventilation mécanique, la durée totale du séjour en réanimation, ainsi que le recours à l’adrénaline, la dobutamine, l’isoprénaline, la terlipressine et l’hemisuccinate d’hydrocortisone. Nous avons recherché la survenue du décès, en réanimation, en hospitalisation ou dans les 28premiersjours.

Sur les 324 patients inclus le taux de mortalité était de 48 %. Le taux de mortalité atteint 90 % pour les patients qui dépassent la dose de 1μg/kg/min de noradrénaline. Nous avons identifié quatre facteurs de risque indépendants de mortalité : l’âge (1,02 [1,0–1,04], p=0,019), la thrombopénie (3,8 [1,7–8,5], p<0,001), une diurèse de moins de 500mL sur 24heures (8,7 [3,6–24,7], p<0,001), et une dose maximale de noradrénaline supérieure à 1ug/kg/min (9,7[4,5–23,2], p<0,001)

Au cours du choc septique, une dose de noradrénaline supérieure à 1μg/kg/min constitue un facteur de risque indépendant de mortalité. Une dose maximale de noradrénaline supérieure à 1ug/kg/min est associée à un risque de mortalité supérieur à 90 %. Ce résultat peut aider à définir une dose dite « réfractaire » dans de futures études.