L’éthicien, s’il existe… - 18/06/15
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Résumé |
Le soin met en jeu deux types de relations qu’il ne s’agit pas d’opposer mais de mettre en tension : (1) une relation indirecte, organisée, planifiée pour une meilleure efficience et sécurité des soins ; (2) une relation directe dans laquelle s’inscrit le colloque singulier soignant–soigné. La première est à l’origine d’une éthique organisationnelle orchestrée par un « éthicien » dont l’objectif serait, à l’extrême, de réduire les événements indésirables associés aux soins (EIAS). La seconde privilégie une éthique comme forme d’héroïsme moral consistant quant à elle à rendre l’événement indésirable « désirable ». Mais notre modernité signe un pluralisme de pensée amenant les professionnels à faire face à des situations toujours plus complexes, inédites, et sources de conflits éthico-pratiques. Des conflits qui nécessitent de réinventer une nouvelle syntaxe de l’agir au sein d’espaces éthiques institutionnels (comités ou groupes de réflexion éthique). Pour autant, il ne suffit pas que l’éthique ait un lieu pour qu’elle ait lieu. Au-delà de comment penser ou comment mettre en œuvre l’éthique, cet article interroge l’identité même de l’éthicien : l’éthicien existe-t-il ou bien seule l’éthique peut-elle exister ? Notre propos consiste à montrer que malgré toute la subjectivité due au récit d’une situation clinique, seul le travail de recherche et d’étayage par des traces documentaires permet à l’éthicien, dont c’est le rôle, l’élaboration d’une subjectivité de haut rang. Celle-ci transforme une situation clinique en une observation éthique instituée en élevant la trace à la dignité de document, et le passé à la dignité de fait historique. La question est ainsi de savoir ce qui distinguerait une bonne d’une mauvaise subjectivité pour que, in fine, l’observation éthique ne s’achève que dans le lecteur de ce travail (membres du comité ou du groupe, professionnels de santé, étudiants, patients, citoyens). Ce travail de reprise est aux fondements d’une médecine et d’une éthique narratives qui permettent une ouverture du champ des possibles de l’agir des patients et des professionnels. Un métier d’éthicien qui fait l’éthique et l’éthicien donc. Mais un éthicien, s’il existe, qui devra faire face à un des enjeux majeurs des décennies à venir : participer à la mise en œuvre d’une démocratie économique afin de questionner avec les citoyens et face au politique l’homme que nous ferons demain.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Summary |
Care involves two types of relationships that should not be opposed but rather instilled into a dialectic: (1) an indirect relationship, organized, planned for better efficiency and safety of care; (2) a direct relationship in which the care giver–care receiver dialogue takes place. The former is source of an organizational ethics managed by an “ethician” whose objective is, extremely, to reduce adverse events associated with care. The second favors ethics as a form of moral heroism consisting of reverting adverse events into “desirable” events. However, our modernity signs a pluralism of thought, leading professionals to deal with increasingly complex situations, original and sources of ethical and practical conflicts. Conflicts that oblige to reinvent a new syntax of acting within ethical institutional spaces (committees or ethical reflection groups). However, it is not enough that ethics has a place for it to take place. Rather than thinking how to think or how to implement ethics, this article questions the very identity of the ethician: does the ethician exist or do only ethics exist? Our purpose is to show that despite all the subjectivity due to the story of a clinical situation, only the research work and backing by documentary evidence allows an ethician, among which it is the role, to develop a high-leveled subjectivity. It transforms a clinical situation in an ethical observation instituted by raising the track into the dignity of document, and the past into the dignity of historical fact. The question is to know what distinguishes a good from a bad subjectivity in order that, ultimately, ethical observation becomes completed only in the reader of this work (committee members or group members, health professionals, students, patients, citizens). The work of resumption is the foundation of a narrative-based medicine (NBM) and a narrative ethics (NE) that allow opening the field of possibilities of acting for patients and caregivers. An ethician job that makes ethics and therefore, the ethician as well. But an ethician, if there, who will face one of the major challenges of the coming decades: to participate in the implementation of an economic democracy in order to question with citizens and in confrontation with politicians the Man that we will build tomorrow.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Mots clés : Éthique, Éthicien, Démocratie économique, Institutionnalisation de l’éthique, Éthique narrative, Politique
Keywords : Ethics, Ethician, Economic democracy, Institutionalization of ethics, Narrative ethics, Politics
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Vol 12 - N° 2
P. 116-123 - juin 2015 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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