Effondrement de la séroprévalence de l'hépatite virale A chez les jeunes Français - 29/02/08
Marcel Joussemet [1],
Jérôme Depaquit [1],
Elisabeth Nicand [2],
Christine Mac Nab [1],
Jean-Baptiste Meynard [1],
Rémy Teyssou [2],
Guy Fabre [1],
Yves Buisson [2]
Voir les affiliationsObjectifs |
Déjà évaluée au cours d'enquêtes antérieures sur des populations comparables de jeunes recrues arrivant au Service National, la prévalence des anticorps dirigés contre le virus de l'hépatite A a été déterminée pour la dernière fois en 1997 suivant une méthodologie similaire chez 1 052 jeunes recrues (moyenne d'âge : 21,2 ans) afin d'analyser la tendance évolutive et les facteurs d'exposition.
Résultats |
En 1997, la séroprévalence était de 11,5 %. Le facteur de risque le plus fortement associé à l'état immunitaire vis à vis du virus de l'hépatite A des jeunes recrues était la notion de séjours en zone d'endémie du virus de l'hépatite A. Alors que 7,65 % des recrues n'ayant jamais vécu dans les pays en voie de développement étaient immunes, 46 % des jeunes gens originaires des DOM-TOM (odds ratio = 10,3) et 28 % des jeunes gens ayant séjourné au moins 15 jours outre-mer (odds ratio = 3,7) avaient des anticorps dirigés contre le virus de l'hépatite A. La séropositivité anti-virus de l'hépatite A était plus élevée en cas d'antécédents d'ictère (27 % ; odds ratio ajusté = 3,5) ou si la fratrie était de 3 enfants au moins (22 % ; odds ratio ajusté = 3). Il n'a pas été mis en évidence de liaison significative avec le lieu de résidence, la consommation d'eau du robinet, le niveau scolaire avec l'obtention du baccalauréat et la profession des parents. L'évolution de la séroprévalence depuis 1985 montrait un effondrement du taux d'immunité collective : 30,4 % en 1985, 21,3 % en 1990, 16,3 % en 1993 et 11, 5 % en 1997. Cette tendance s'observait quels que soient le niveau socio-économique et l'origine géographique des recrues, même si la diminution était plus rapide chez les métropolitains (moins 20 % en 12 ans) que parmi les individus ayant voyagé en zone d'endémie (moins 10 %).
Conclusion |
Si la France métropolitaine faisait partie des pays ayant accédé à un niveau d'endémie modéré grâce aux progrès de l'hygiène collective, la France d'Outre-Mer connaissait une évolution plus lente et restait dans une situation intermédiaire avec un risque épidémique plus élevé. La chute de la prévalence des anticorps dirigés contre le virus de l'hépatite A chez les jeunes français doit servir de guide aux décisions de santé publique visant à éradiquer l'hépatite A.
Seroepidemiological shift of hepatitis A in French youth. |
Objective |
An anti-hepatitis A virus seroprevalence survey was performed in 1997 in 1052 French army recruits (mean age: 21.2 years). To describe epidemiological trends, the current pattern was compared to previous results obtained by similar methods in 1985, 1990 and 1993.
Results |
In 1997, overall anti-hepatitis A virus seroprevalence was 11.5 %. The greatest risk factor of hepatitis A infection was related to travel in intermediate or highly endemic areas for hepatitis A virus: 46 % of overseas residents (odds ratio=10.3), 28 % of recruits who had travelled in developing countries (odds ratio= 3.7) and 7.65% of French living in industrialised countries are anti-hepatitis A virus antibody positive. Moreover, seroprevalence was higher in subjects with a history of icteria (adjusted odds ratio=3.5) and families with at least 3 children (adjusted odds ratio = 3). No association was found with drinking water, socioeconomic status such as baccalaureat degree, or parents profession. The seroepidemiological shift of hepatitis A, as assessed in three previous studies, shows a marked decrease of 20 % in 12 years from 30.4 % in 1985, to 21.3 % in 1990, to 16.3 % in 1993, and to 11.5 % in 1997. The decrease in the prevalence of anti-hepatitis A virus was more marked in young adults who had never travelled in endemic countries (decrease of 20 %) than those who had visited or lived in developing countries (decrease of 10 %).
Conclusion |
Although France is not highly endemic for hepatitis A thanks to improved hygiene and housing conditions over the past 20 years, a pattern of intermediate endemicity was seen in French overseas areas in which the risk of outbreaks of hepatitis A was higher. The decrease in anti-hepatitis A virus seroprevalence in French youth can be used to draft a public health policy for hepatitis A control.
Mots clés : Hépatite A. , Séroprévalence. , Epidémiologie. , Recrues. , France.
Keywords:
Hepatitis A.
,
Seroepidemiology.
,
Recruits.
,
France.
,
Risk factors.
Plan
© 1999 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
Vol 23 - N° 4
P. 447 - mai 1999 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.