Particularités des signes cliniques d’appel et valeur du dépistage par l’échelle d’Epworth du syndrome d’apnée du sommeil chez des patients consultant en médecine interne - 20/05/15
Résumé |
Introduction |
Le syndrome d’apnée du sommeil (SAS) est le plus souvent évoqué devant des ronflements, des apnées nocturnes et une somnolence diurne d’autant plus facilement qu’existent des facteurs de risque vasculaire (FdR) (obésité, HTA, infarctus du myocarde [IDM], sexe masculin) [1 ]. Le constat d’un sommeil non réparateur ou de ses conséquences telles asthénie et céphalées font également partie de la symptomatologie évocatrice. Le dépistage du SAS préalable à la confirmation diagnostique par polysomnographie (PSG) est fréquemment réalisé par des questionnaires standardisés telle l’échelle d’Epworth qui évalue la somnolence diurne [2 ]. Nous nous sommes intéressés aux signes cliniques conduisant au diagnostic de SAS et à la valeur du dépistage par l’échelle d’Epworth à partir d’une consultation de médecine interne.
Patients et méthodes |
Nous avons colligé durant 2ans les informations relatives aux patients chez lesquels la suspicion de SAS à l’issue de leur consultation (« triade » classique ou coexistence d’au moins un signe respiratoire et de symptômes pouvant découler d’un sommeil non réparateur) avait conduit à les adresser en pneumologie pour réalisation d’un test de dépistage selon l’échelle d’Epworth puis d’une PSG mesurant l’index apnées-hypopnées (IAH). Les critères de diagnostic du SAS étaient : absence (IAH<5/h), léger (IAH 5–15/h), modéré (IAH 15–30/h) et sévère (IAH>30/h) [3 ].
Résultats |
Parmi les 716 consultants [dont 77 % de femmes (F)], une PSG a été proposée à 33 et 29 l’ont effectivement pratiquée. Parmi ces 29 patients, sept étaient sous corticothérapie générale (CT) (1 LED, 1 Horton, 2 PPR, 2 sarcoïdoses, 1 AHAI) et 9 présentait un FdR (HTA 5, DNID 3, hyperlipidémie 2, IDM 2). Le diagnostic de SAS a été porté chez 19 (65 % des sujets orientés vers la pneumologie) présentant 7 SAS légers, 4 SAS modérés et 8 SAS sévères. Les principaux signes cliniques d’appel chez ces 19 patients (65 % de F) étaient : asthénie (Asth) (n=14), ronflement (R) (n=12), céphalées (Céph) (n=5), somnolence diurne (Somn) (n=4), apnées nocturnes (Apn) (n=4), polyalgies (PolyA) (n=4), sommeil non réparateur (S) (n=3). Parmi les 19 patients, l’âge moyen était de 61ans (F) et 57ans (H) et l’indice de masse corporelle (IMC) moyen était de 30 (F) et 26 (H). Six patients étaient sous CT et 8 présentaient un FdR. Les caractéristiques des patients sont rappelées dans Annexe A.
Discussion |
Soixante-cinq pour cent des patients suspects de SAS sur les seules données de l’interrogatoire ont vu le diagnostic confirmé par la PSG. Le résultat de l’échelle d’Epworth n’a pas été prédictif du diagnostic de SAS. Si les ronflements, les pauses respiratoires, l’IMC (>29) et l’âge (>50) restent de forts éléments d’orientation, leur absence ne doit pas exclure le diagnostic face à des symptômes pouvant être des conséquences d’un sommeil de mauvaise qualité en particulier l’asthénie « inexpliquée », source fréquente de consultation, mais aussi les polyalgies ou la symptomatologie dépressive comme rapporté dans d’autres populations [4 ]. Il est intéressant de noter que le facteur favorisant lié au sexe masculin n’est pas retrouvé dans notre étude où la proportion de femmes atteintes de SAS est majoritaire, en accord avec la part féminine prépondérante de notre patientèle globale. Les rares études sur SAS et maladies auto-immunes retrouvent une prévalence très élevée du SAS, et une faible prédictibilité du score d’Epworth et de l’IMC [5 ]. La part importante des patients SAS sous corticothérapie générale dans notre série pose la question du rôle de ce traitement dans les modifications locales pharyngées rapportées comme favorisant un SAS [1 ].
Conclusion |
Les internistes doivent savoir évoquer un SAS devant des symptômes généraux inexpliqués (en particulier l’asthénie) y compris en l’absence des signes respiratoires caractéristiques et chez des femmes. L’échelle d’Epworth ne semble pas un test de dépistage adapté à la patientèle des internistes. Le rôle favorisant de la corticothérapie générale est possible.
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Vol 36 - N° S1
P. A64-A65 - juin 2015 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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